Micro-forêts urbaines, une solution d’aménagement durable pour lutter contre le changement climatique Journée technique du 13 octobre 2020 à Lambres-Lez-Douai

Il suffit de 100 m2 d’espace en friche pour intégrer une micro-forêt, même en zone urbaine dense et dégradé. Suivant la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki, il est possible d’intégrer des ilots de forêt dans l’ensemble de nos territoires.


Résilience territoriale, ré-intégrer l'arbre en ville

Présentée par Mathieu VERSPIEREN, aux acteurs des espaces verts et de l’aménagement, à l’occasion de la journée technique du 13 octobre à Lambres-Lez-Douai (organisée par l’association Nord Nature Chico Mendès), cette technique d’aménagement durable repose sur quelques principes simples, inspirés par la nature :

  • Planter des espèces locales, ce qui permet d’obtenir des forêts plus résilientes, plus résistantes aux conditions climatiques et aux parasites, mieux adaptées aux conditions locales donc moins gourmandes en entretien. La solution est de s’inspirer d’un écosystème forestier local pour tenter de le reproduire sur un terrain voisin. NB : veiller à éviter les cultivars horticoles ou les essences non autochtones en consultant la liste de référence publiée par le conservatoire botanique de Bailleul (1) ou le catalogue en ligne des acteurs de la démarche Plantons le décor (2).
  • Planter dense (3 arbres / m2), ce qui stimule la croissance grâce au phénomène de concurrence puis l’espace se structure grâce à la sélection naturelle.
  • Planter de jeunes arbres et arbustes en motte, mesurant de 20 à 40 cm, plus résilients éviter les arbres > 3m de haut, qui nécessitent d’être arrosés-, mais recréer les différentes strates arbustives.
  • Planter varié mais que des essences "climaciques" qui appartiennent au dernier stade du cycle sylvigénétique (évolution naturelle d’une forêt native).
  • On évite les essences pionnières à bois tendres et fragile (saule, bouleau, peuplier tremble…), afin de recréer directement la végétation d’une forêt plus mature avec des essences intermédiaires ou matures (frêne, tilleul, chêne, merisier, sorbier, hêtre, houx …).

Suivant cette méthode, pour créer une forêt urbaine, il suffit d’un espace de 100 m2, avec toutefois une bande de dégagement de 5m de distance (minimum) vis à vis des autres infrastructures. Il conviendra d’augmenter cette distance vis à vis des constructions dans les zones très argileuses identifiées comme à risques de retrait gonflement des argiles.


Cette méthode est particulièrement adaptée sur les sols compliqués, fortement dégradés.
Ainsi, la sélection d’un grand nombre d’essences autochtones qui existaient avant l’intervention de l’homme sur le site de plantation, et la densité de plantation permettront l’émulation, la coopération entre les essences, ainsi qu’une croissance accélérée.

"On ne plante pas des arbres juste pour planter des arbres" ! Il s’agit de restaurer un écosystème forestier, avec les multiples interactions : arbres, mais aussi système mycorrhisien vital pour la forêt, micro-organismes du sol, insectes, oiseaux, micromammifères…

La multitude des interactions améliore la résilience de la forêt aux perturbations extérieures et aux changements climatiques.

La philosophie de Miyawaki veut que la démarche et notamment l’étape de plantation soit participative afin d’impliquer les populations locales et les sensibiliser à l’environnement.
le coût état réduit (environ)

Le financement de micro-forêts peut être portée par les habitants d’un quartier à travers un projet de financement participatif, suivant l’exemple de Toulouse (Cf. https://www.helloasso.com/associations/toulouse-en-transition/collectes/aidez-nous-a-planter-une-premiere-micro-foret-indigene-a-toulouse).

Des initiatives se multiplient également dans la région, avec des projets dans la ville de Marck, intégrant cinq micro-forêts près des écoles et du collège, et même des projets participatifs, comme celui porté par le collectif l’Arrasine à proximité de la Porte d’Arras à Lille (consulter le projet porte d’Arras).

Depuis 1971, Akira Miyawaki est ainsi à l’origine de 1700 forêts natives, soit 40 millions d’arbres, à travers plus de 15 pays.
Certaines entreprises pionnières publient les chiffres et présentent les concepts, et les résultats illustrés notamment avec des photos des résultats au Japon (Consulter la synthèse des études).

En France, la méthode se développe à Nantes, à Paris, …. (Découvrir des exemples et consulter la carte des projets menés par la société Urban Forests)

Les projets se développent également dans notre région des Hauts-de-France.
Un projet original a été mené dans une école à Wasquehal par une société locale spécialisée dans les projets de micro-forêts, beeforest (voir encadré).


Cette technique de reforestation serait particulièrement efficace pour lutter contre les îlots de chaleur urbain et plus généralement contre le réchauffement climatique. En effet, avec cette méthode de plantation très dense, sur une même surface les arbres poussent plus nombreux et plus vite et absorbent plus de CO2.

Sur la métropole de Lille, l’étude de l’impact des facteurs d’échauffement en ville menée par l’ADULM, montre que si le sommet du couvert végétal n’est pas plus frais que les bâtiments, au contraire la température mesurée au pied des arbres est significativement réduite et que par ailleurs, le couvert forestier se refroidit plus rapidement la nuit que les surfaces voisines.


Contacter l’auteur : Elodie Patte Gondran, DREAL DHF

(1) Guide CBNBL Guide pour l’utilisation d’arbres et d’arbustes pour la végétalisation à vocation écologique, téléchargeable sur www.cbnbl.org
(2) Catalogue en ligne illustré des espèces locales sur le site https://www.plantonsledecor.fr/quoi-planter/produits%20

D’une façon plus générale, depuis 1999, une mission de "promotion de la gestion différenciée en Région " est mise en place pour sensibiliser, d’accompagner et de former les collectivités et les professionnels du paysage dans leur approche de la gestion différenciée. Pour en savoir plus, consulter le site Internet.

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