Réunion d’information sur l’évolution des risques naturels littoraux liés au changement climatique présidée par M. le préfet de région - Mercredi 16 juillet 2008, 9 h 30 à Gravelines.
L’année dernière à la même époque, le préfet de région Nord-Pas-de-Calais Daniel Canépa avait réuni les acteurs du littoral à Dunkerque pour faire le point sur les risques naturels littoraux liés au changement climatique. Il a souhaité rééditer en 2008 cette matinée d’échanges et de débats sur ce thème afin de mesurer les efforts accomplis par chacun depuis un an dans la connaissance et la gestion des risques littoraux.
Si le changement climatique aura des conséquences sur tous les territoires, certains d’entre eux seront plus fortement exposés. Le littoral de la région Nord – Pas de Calais est à ce titre particulièrement exposé, ses falaises étant fortement sensibles au phénomène d’érosion, ses dunes l’étant aux phénomènes de submersions. Afin de se préparer aux effets du changement climatique, le préfet de région a décidé d’impliquer fortement les services de l’État en région en 2006 afin d’améliorer la connaissance de ces risques pour mieux préparer le développement futur du territoire. Ce programme de travail se découpe en plusieurs actions.

Une synthèse bibliographique sur les phénomènes côtiers et le changement climatique a été réalisée mi 2007. Elle est disponible sur ce site en cliquant ici.
Des levers topographiques d’une précision remarquable ont également été effectués lors de l’hiver 2007-2008 sur l’ensemble du littoral. Ces levers sont le préalable indispensable à toute étude sur les risques d’inondations : comment savoir en effet comment l’eau coule, quand elle commence à pénétrer dans les terres et surtout où va t-elle dans ce « plat pays » où l’altitude ente les points hauts et les points bas ne dépasse parfois que quelques dizaines de centimètres ? Une dizaine de centimètres, voilà désormais la précision en altitude des données acquises par les services de l’Çtat sur le littoral et bientôt sur l’ensemble des wateringues.
Se préparer au changement climatique sur le littoral, c’est aussi faire le point sur ses défenses : comment sommes nous protégés actuellement ? Les digues, les dunes peuvent-elles résister aux submersions marines, suffiront-elles dans 50 ou 100 ans pour résister aux effets du changement climatique ? Après le développement d’une méthode d’inspection inédite des ouvrages côtiers, ceux-ci ont commencé à être examinés dans le but d’établir un état des lieux clair des protections littorales. Sur les deux sites inspectés de Gravelines et Sangatte, les premiers résultats sont plutôt rassurants sur l’état des ouvrages, seule une très faible minorité d’entre eux devra faire l’objet de réparations à court terme.
Enfin, si des tendances globales ont été données par le GIEC sur les conséquences du changement climatique, il faut savoir que des effets locaux sont susceptibles d’amplifier ou, par chance, de diminuer ces conséquences. Le littoral Nord-Pas-de-Calais présente ainsi certaines particularités, la mer semblant par exemple monter plus vite à Boulogne qu’à Dunkerque. De plus, à l’élévation moyenne du niveau de la mer, il faut également ajouter des phénomènes météorologiques ponctuels et des configurations locales qui peuvent augmenter les risques de submersion. Les surcotes météorologiques, augmentations ponctuelles du niveau de la mer lors de tempêtes progressent ainsi d’environ 3 mm/ans, soit quasiment au même rythme que le niveau moyen de la mer !

A partir de la topographie et des hypothèses régionales en matière d’élévation du niveau de la mer, une cartographie des risques de submersion marine sera effectuée par modélisation dans les deux ans à venir.
Ainsi, lorsque ce programme de travail sera terminé, les acteurs locaux disposeront de l’ensemble des éléments pour aménager durablement le littoral. Faudra-t-il se protéger plus ou bien accepter de laisser du territoire à la mer ? Accepterons-nous d’être inondés plus souvent ? Faudra-t-il se protéger ?
A la lumière des événements passés, sans attendre de connaître finement ce qu’il se passera dans 50 ou 100 ans, il est nécessaire que les acteurs locaux s’organisent dans leurs choix actuels pour ne pas accroître la vulnérabilité de certaines zones du littoral mais aussi celle du polder des wateringues. Une action coordonnée de gestion et de protection du littoral apparaît nécessaire.
Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a ainsi publié son quatrième rapport d’évaluation en novembre 2007. Ce dernier rapport a confirmé les résultats publiés en 2001, à savoir l’origine humaine et l’évolution inéluctable du changement climatique. Les dernières observations se situent même dans les fourchettes hautes des prévisions scientifiques en matière de hausse des températures et de hausse du niveau marin.
En octobre 2007 a été publiée une directive européenne sur l’évaluation et la gestion des risques d’inondation, qui concerne en particulier les risques de submersion marine. Ce texte, qui sera prochainement transposé dans le droit français, demande aux États membres la mise en place de plans de gestion des risques pour 2015, plans qui devront tenir compte des effets du changement climatique.
Enfin, 2007 et 2008 sont les années du Grenelle de l’Environnement qui fait de la lutte contre le changement climatique un pilier de l’action gouvernementale. Ainsi, à tous niveaux, international, national et régional, l’adaptation au changement climatique devient une priorité.