Diagnostic

GES par secteur et lutte contre le changement climatique

Dernier ajout : 13 septembre 2017.

Bâtiments et logements résidentiels

Les 818 218 logements en Picardie émettent chaque année environ 2,4 MteqCO2.

Ces émissions sont principalement dues à la consommation d’énergie pour le chauffage des logements (82 %) ; l’eau chaude sanitaire (ECS) contribue pour 8 % aux émissions du secteur, la cuisson pour 5 % et les usages spécifiques de l’électricité (éclairage, électroménager, électronique de loisirs,…) pour 5 %.

En ce qui concerne les sources d’énergie, 62 % des logements utilisent une énergie fossile pour le chauffage et 24 % l’électricité. La part de marché relativement importante du bois concerne principalement les logements anciens (73 % avant 1975) et des systèmes de chauffage peu performants (poêles, cheminées).

La qualité thermique des bâtiments et le système de chauffage sont déterminants vis-à-vis de leurs consommations d’énergie et de leurs émissions de GES.

  • La consommation unitaire des résidences principales commence à baisser à partir de 1975, date de l’application de la première réglementation thermique des bâtiments neufs d’habitation, adoptée après le premier choc pétrolier.
  • Les maisons individuelles consomment davantage d’énergie (et donc émettent davantage de GES) que les logements collectifs à surface équivalente (pertes thermiques proportionnelles aux surfaces de contact avec l’extérieur).
  • Les logements anciens (et en particulier les maisons) sont également ceux pour lesquels les produits pétroliers (fioul et GPL) sont les plus utilisés. Ils sont donc les plus vulnérables à l’augmentation du prix du pétrole et parmi les plus émetteurs de GES. Il s’agit d’une cible prioritaire des programmes de réhabilitation.

Bâtiments tertiaires

Les 29 millions de m2 de bâtiments tertiaires en Picardie émettent chaque année un peu plus de 1,2 MteqCO2.

Les surfaces commerciales représentent 29 % des émissions de GES, les activités de santé 16 %, bureaux-administrations 14 % et les bâtiments d’enseignement 14 %.

Le chauffage des bâtiments est le principal responsable des émissions de GES pour l’ensemble des branches, mais avec des disparités selon les usages (ouvertures des portes, périodes de chauffe) et selon les activités propres (cuissons, production de froid, éclairage et informatique).

Transport et mobilité des personnes

La mobilité des personnes est à l’origine de l’émission de 2,25 MteqCO2 pour la Picardie, soit 14 % du bilan régional et 56 % des émissions totales liées aux transports.

Le transport est le secteur pour lequel la croissance des émissions de GES est la plus forte au niveau national (+15 % entre 1990 et 2007 [1]. En effet, malgré des véhicules de plus en plus efficaces, l’augmentation du nombre de déplacements et des distances parcourues entraîne une augmentation globale des pressions sur l’environnement (effet rebond). Parallèlement, les comportements de mobilité évoluent rapidement et les besoins énergétiques continuent d’augmenter.

L’utilisation de la voiture reste prédominante (67 % des déplacements tous motifs confondus) sauf pour les déplacements scolaires. La voiture particulière est le mode le plus émissif (180 g eqCO2/km) en Picardie (contre 175 g eqCO2/km pour l’avion).

Les élèves et étudiants font plutôt le choix des modes doux pour les petites distances et les transports en commun pour les trajets plus longs.

Les transports en commun sont très peu utilisés pour d’autres motifs, hormis pour les déplacements longue distance. La distance moyenne pour les navettes domicile-travail en transport en commun est d’ailleurs deux fois plus élevée que pour les déplacements en voiture pour le même type de trajet.

Au contraire, les modes doux sont fréquemment choisis pour les déplacements liés aux achats, aux loisirs ou aux études. Cela peut notamment s’expliquer par des distances parcourues plus courtes.

La situation pour les déplacements longue distance est complètement différente : anecdotique en nombre de déplacements, ils représentent près d’un quart de la distance parcourue et 17 % des émissions.

Enjeu particulier, les déplacements domicile-travail représentent 33 % des émissions de GES (part significative), mais pour un nombre modéré de déplacements (14 %) En outre, il s’agit généralement de déplacements contraints et réguliers (aller-retour quotidiens) sur lesquels il peut être plus facile d’intervenir (covoiturage, offre de modes alternatifs à la voiture, localisation des logements et des activités…).

En Picardie, la part modale de la voiture particulière dépasse actuellement 75 % pour les navettes domicile-travail, avec une part relativement faible de covoiturage (7 %).

Transport de marchandise

Les émissions du transport de marchandises imputées à la Picardie sont évaluées à 1,75 MteqCO2/an, soit 11 % du total des émissions régionales.

Les flux de marchandises et les émissions de GES considérés reflètent les besoins, l’activité et l’offre logistiques du territoire.

  • La route reste largement majoritaire avec 64 % des flux, alors que c’est l’un des modes les plus émetteurs. 93 % des émissions du secteur sont ainsi dues à ce mode.
  • Pour les flux intra-régionaux, la part modale de la route atteint même 99 %.
  • En ce qui concerne le fret international, l’aérien est un mode particulièrement émetteur (3 % des émissions) alors qu’il ne représente que 0,4 % des flux en tonnes-kilomètre.
  • A l’inverse, le mode maritime a des émissions unitaires très faibles : 0,009 teqCO2 / t.km, soient 60 fois moins que l’aérien.

Industrie

Les industries picardes sont les principaux émetteurs de GES de la région avec environ 4,5 MteqCO2/an (hors industries de production d’électricité), soient 29 % des émissions régionales.

Ces émissions varient assez sensiblement en fonction des branches industrielles et des procédés thermiques de production. Ainsi, l’agroalimentaire, qui emploie plus de 24 000 personnes, est la branche la plus émettrice de la région avec près de 1,8 MteqCO2/an. A l’opposé, le secteur mécanique – automobile est le principal employeur (environ 32 000 emplois) et représente moins de 5 % des émissions de l’industrie.

En moyenne, les émissions non-énergétiques représentent 18 % des émissions industrielles (dont près de la moitié de protoxyde d’azote et un tiers de CO2) alors que la combustion d’énergie fossile (gaz, produits pétroliers et charbon) est responsable de deux-tiers des émissions.

Agriculture

La production agricole en Picardie est à l’origine de l’émission de 3,3 MteqCO2/an, soient 21 % des émissions régionales. Au niveau national, le secteur représente 21 % des émissions [2].

Les cultures sont à l’origine de 54 % des émissions dont 25 % pour le blé. Le bétail représente quant à lui 46 % des émissions dont 39 % pour les vaches et bovins.

Les émissions de l’agriculture se caractérisent par une proportion importante des émissions non-énergétiques.

  • Pour les cultures, les émissions de protoxyde d’azote (N2O) représentent 75 % des émissions, dont 59 % liées aux fertilisants synthétiques et 16 % aux résidus de culture. L’optimisation des amendements (réduction des apports azotés non indispensables), des rotations de cultures pour fixer l’azote dans les sols et des itinéraires agricoles (consommation de carburant) sont les principaux leviers techniques de réduction des émissions.
  • En ce qui concerne le bétail, les émissions non-énergétiques sont aussi les plus importantes (97 % du total). La fermentation entérique représente 58 % (élevages bovins/laitières) et les effluents 39 %. L’optimisation de l’alimentation du bétail ou de la gestion des effluents (captage et valorisation du méthane par exemple) sont donc les principaux moyens de réduire les émissions à production équivalente. Les consommations d’énergie peuvent également être réduites dans les bâtiments (chauffage, équipements).

Changements d’usage des sols et gestion forestière

En Picardie, la croissance des 320 000 ha de forêt représente un puits d’absorption de carbone d’environ 1,8 MteqCO2/an.

L’urbanisation de 531 ha/an et la déforestation en nouvelles prairies (287 ha/an selon Corine Land Cover) sont responsables de l’émission de 1823 teqCO2 (soient respectivement 470 et 1353 teqCO2/an).

[1CITEPA/MEEDDM, inventaire CCNUCC

[2CITEPA/MEEDDM, inventaire CCNUCC, déc. 2009

Part de marché des énergies de chauffage dans les logements en Picardie

Source : ENERTER® - Tableau de bord régional Énergie-Climat - Bilan édition 2010 / chiffres de 2007

Répartition du nombre de déplacements, de la distance parcourue et des émissions de GES par motif

Source : tableau de bord régional Énergie-Climat Mobiter® - Bilan édition 2010 / chiffres de 2007