Le SPC (Service de Prévisions des Crues) Artois Picardie a en charge 7 tronçons de cours d’eau (l’Aa, la Liane, la Sambre, l’Helpe mineure, l’Helpe majeure, la Solre, la Somme) pour l’application de la procédure de vigilance. Les tronçons ont été choisis suivant des critères objectifs (crues récurrentes avec enjeux humains et économiques principalement ; faisabilité de la prévision) et sont inscrits au Schéma Directeur de Prévision des Crues du Bassin Artois-Picardie qui a fait l’objet d’une large concertation.
Sur ces tronçons, un bulletin d’information est produit, attribuant à chaque tronçon une couleur de vigilance (verte, jaune orange ou rouge) et indiquant le niveau de crue auquel on peut s’attendre dans les prochaines 24 h. Le vert correspond à une situation normale, le jaune à un risque de crue modeste, l’orange à un risque de crue importante et le rouge à un risque de crue exceptionnelle. Le bulletin comporte également des commentaires sur la situation en cours et son évolution prévue, les conséquences possibles ainsi que des conseils de comportement.
La prévision est envoyée a minima deux fois par jour au SCHAPI (Service Central d’Hydro-météorologie et d’Appui à la Prévisions des Inondations), week-end et jours fériés compris, par un bulletin en début de matinée et en début d’après-midi, dans le but d’alimenter le dispositif national.
Le SCHAPI collecte l’ensemble des bulletins des différents SPC de France afin de publier la carte nationale de vigilance à 10h et à 16h sur le site internet http://www.vigicrues.ecologie.gouv.fr/.
Outre la carte nationale qui regroupe tous les tronçons suivis par les SPC en France, ce site comprend :
un bulletin de situation nationale,
l’ensemble des bulletins de situation spécifiques à chaque SPC.
un zoom de la carte par SPC,
la visualisation des stations de mesure existantes sur les cours d’eau et les données en temps réel de ces dernières (en cliquant sur les stations on peut visualiser les niveaux et les débits observés).
En cas de vigilance jaune, orange, ou rouge, il peut y avoir une fréquence d’actualisation plus soutenue de la carte de vigilance. Lorsque la situation est exceptionnelle, la DIREN peut décider de lancer des campagnes de photographies aériennes, dans le but d’effectuer ensuite des cartographies de zones inondées, ou des campagnes de jaugeages afin d’améliorer la précision et d’actualiser les courbes de tarage.
Pendant les heures ouvrables, l’équipe du SPC est chargé de la rédaction des bulletins, un planning établi mensuellement prévoit la personne responsable de l’envoi pour chaque demi-journée. En ce qui concerne le week-end, les jours fériés, ou la nuit, une astreinte est organisée, prévoyant l’appel de deux prévisionnistes (rang 1 et rang 2). Les prévisionnistes se relaient pour assurer, chacun à leur tour, une semaine d’astreinte (du jeudi soir au jeudi matin). En temps habituel, seul le prévisionniste de rang 1, qui a la charge de la production de la carte de vigilance, est mobilisé. Lors d’épisodes de crues importants, il fait appel au prévisionniste de rang 2, qui peut l’aider pendant l’évènement ou le suppléer au besoin.
Pour faciliter la prise de décision précédant l’envoi de ce bulletin, il existe différentes données et outils de diagnostic :
Les prévisions de précipitations produites par Météo-France sont reçues et analysées par le SPC le matin et en début d’après-midi. Elles sont une base fondamentale de la prévision, car bien sûr, les précipitations sont l’élément déclencheur essentiel des crues. Le SPC dispose également des images radar et des images de satellite dans le but de mieux comprendre et d’appréhender le déplacement des masses pluvieuses.
Le SPC dispose de différents modèles numériques adaptés à chaque bassin, permettant d’obtenir des simulations de débits ou niveaux futurs. Ces modèles, calés à partir de crues anciennes, donnent une idée du comportement des cours d’eau et de leurs réactions habituellement observées aux précipitations. Ils utilisent des données de pluies, d’évapotranspiration, de débits à une station amont, des relations mathématiques plus ou moins simples.
Le SPC est par ailleurs doté d’un outil d’aide à la décision basé sur des abaques calculés à partir de crues passées, sur les cumuls de pluies observés et prévus, sur l’état hydrique des sols, et d’autres paramètres, qui permet d’estimer un pic de crue pour les stations de prévision des différents tronçons dont il a la charge.
Enfin, pour faire la part des choses et choisir le modèle le plus efficace pour la situation donnée, l’expérience des prévisionnistes chevronnés est un atout majeur.
La prise de décision au niveau de la couleur de vigilance peut se faire en collaboration avec le SCHAPI lors d’évènements problématiques.
Le SPC est aussi doté d’un superviseur d’alerte appelé SCAPIN (Système Centralisé d’Alertes et de Prévention des Inondations), principal outil de surveillance de l’ensemble des bassins. Il capitalise l’information de toutes les collectes des stations surveillées, en terme de cote ou de débit. Il prévient le prévisionniste par des alertes téléphoniques en cas de dépassement de seuils indicatifs particuliers sur certaines stations, ce qui permet d’être averti, lors d’évènements non prévus, ou en cas d’aggravation de la situation. De plus, il alerte également le prévisionniste en cas de défaillance au niveau des stations de mesure, car sans mesure de la quantité de pluie tombée, du niveau ou du débit, il ne peut pas apprécier et suivre la situation.
Il est très difficile de prévoir exactement la cote d’un cours d’eau plusieurs heures à l’avance, et ce même lorsque la prévision de Météo France est très précise. De nombreux paramètres interviennent, beaucoup d’incertitudes s’ajoutent. En effet, la réaction du cours d’eau à une pluie sur son bassin versant va dépendre de plusieurs paramètres :
Le niveau initial d’humidité du sol (qui dépend de la pluie tombée des derniers jours). Notamment, la réaction d’un cours d’eau à une même pluie l’hiver ou l’été pourra être très différente.
Le niveau des nappes souterraines qui parfois alimente en débit le cours d’eau.
L’intensité des pluies : une même quantité de pluie qui s’abat sur 2 heures ou sur 24 heures provoquera une réaction du cours d’eau très différente.
L’hétérogénéité spatiale de la pluie tombée sur le bassin versant : lorsque la pluie qui tombe n’est pas uniforme sur le bassin versant, les affluents ne réagissent pas tous de la même manière et la réaction globale du cours d’eau pourra être différente d’un évènement à l’autre.
De plus il arrive parfois que les prévisions de Météo France ne se vérifient pas, la prévision des pluies étant un exercice difficile, or ce sont les pluies qui font les crues. Le travail du SPC est donc tributaire de celui de Météo France.
Pour améliorer ses prévisions le SPC essaie d’acquérir des outils plus complexes, intégrant de nouvelles variables comme l’évapotranspiration potentielle ou la saturation des sols, et modélisant les bassins de façon différente (modèles à réservoirs), en faisant appel à des partenaires extérieurs tels que des bureaux d’étude, le BRGM, le CEMAGREF, des universités…