Etat des lieux 2010 - Les idées clefs
- Une matrice écologique et agricole bien connue, de plus en plus protégée mais sous pression urbaine et économique croissante (Espaces fragiles sous pression).
Des milieux naturels d’intérêt écologique rares
Les espaces de haute qualité écologique sur le territoire de l’AML sont rares (9 % du territoire).
Un territoire très anthropisé.
Les surfaces artificialisées représentent près de 25 % du territoire de l’AML, en augmentation continue depuis 1990. Le territoire est de plus en plus anthropisé, en particulier sur l’agglomération Lilloise, l’arc du bassin minier et la liaison entre ces deux grands ensembles le long de l’autoroute A1. (Voir en annexe la carte 5).

Les espaces boisés et milieux humides, ne représentent qu’environ 9 % du territoire. Leur légère augmentation est liée d’une part au développement des mares et étangs à vocations cynégétique et piscicole, dont la richesse écologique n’est pas comparable à celle des milieux humides naturels, en régression, ainsi que, d’autre part, à la progression des espaces boisés se développant en remplaçant des espaces ouverts et de cultures (plus de 50 % de la superficie totale de l’AML), également en régression.
A noter que le remplacement d’espaces ouverts par des espaces boisées sans vocation écologique (peupleraie par exemple) induit généralement une perte de potentialité écologique.

A l’échelle globale de l’AML, le principal ensemble quasi continu d’espaces naturels aux potentialités écologiques élevées est situé sur le territoire du parc naturel régional Scarpe-Escaut, un territoire protégé qui concentre des ZNIEFF de type 1 modernisées, des ZICO, des Sites Natura 2000, des forêts domaniales, des cœurs de nature identifiés dans le schéma de trame verte et bleue.

Certains secteurs disposent de potentialités écologiques élevées (Pévèle au Nord et à l’Est du Pays , Parc du Héron et le Val de Marque sur Villeneuve d’Ascq, Bois et la prairie de Willems, à la périphérie de l’AML, bocage et les forêts de l’Avesnois, la forêt de Nieppe, et du marais Audomarois et la forêt de Clairmarais, côté belge, le parc naturel régional du Hainaut.
(Voir en annexe la carte 3)
(Voir en annexe les cartes 2 et 4)

A une échelle infra-territoriale, la trame verte et bleue se présente comme très morcelée.
Quelques continuités existantes
Plus de fragmentation
- Des espaces agricoles largement représentés dans le territoire.
Plus de la moitié du territoire de l’AML est constitué de surface agricole.
Ces espaces de culture sont caractérisés par un morcellement des exploitations, issus d’implantations et d’une structuration de l’espace très anciennes, Les activités sont majoritairement tournées vers la culture annuelle, l’élevage, parfois intensif comme dans l’ouest de l’AML, dans la Flandre intérieure et au sud de Lille jusqu’à Béthune, des zones de grande culture sur le Lensois, l’Arrageois et le Cambraisis, et des zones maraichères légumières autour de la Lys et de la plaine de la basse Deûle.
Cf ; document de l’Agence Studio 10.
Enjeux identifiés :
Sur les espaces anthropisés, l’amélioration environnementale des aménagements, qu’ils soient urbains ou situés linéairement le long des voies de déplacement, pourra participer à l’élévation de la qualité de la matrice écologique de la trame verte et bleue.
La TVB et les espaces agricoles ne sont pas antinomiques. La mise en oeuvre de mesures agro-environnementales (dont l’agriculture biologique) est de nature à améliorer la matrice écologique. L’activité agricole extensive maintenue dans les zones humides permet un entretien écologique des milieux.
Les aménagements du Parc des Périseaux et du Parc de la Deûle en fournissent des exemples intéressants.
Les infrastructures agro – écologiques (IAE) permettent de restaurer des fonctionnalités agro-écologiques, de réduire les intrants ou d’améliorer la qualité des eaux. Sur le territoire de l’AML, leur densité actuelle varie entre 2 et 5%, encore loin des objectifs qui pourraient être nécessaires.
Les espaces agricoles situés en bordure immédiate des agglomérations sont directement victimes du phénomène d’artificialisation du territoire, en particulier dans les secteurs où les densités urbaines sont élevées (LMCU, bassin minier, …).
- Une ressource en eau fragile
La qualité des eaux est préoccupante. Du fait de la perméabilité de la craie, la ressource en eau souterraine, localement dégradée, est soumise à des pressions importantes en termes de pollution diffuse, notamment par les nitrates.

Des captages ont dû être fermés et les collectivités ressentent le besoin de sécuriser leur approvisionnement en eau potable, notamment en prospectant des ressources plus éloignées.
Les transferts d’eau à grande distance sont la règle et une particularité du territoire.
Le bassin minier présente une situation tendue cumulant un déficit local d’eau potable (2 Mm3 importés chaque année par manque de production locale) lié à la qualité de ses aquifères (nitrates, nickel, composés organiques, métaux).
Déficit en eau potable d’environ 74.5 millions m3 /an ?? -

Plus de 70 % de l’alimentation en eau potable (180 000 m3/jour sur LMCU) provient de ces nappes souterraines, qui s’étendent également côté belge avec des prélèvements importants, la Lys assurant le complément en eaux de surface.
Une majorité des aires de protection des points de captage d’eau pour l’alimentation des populations de l’AML est majoritairement en concordance avec la trame urbaine (bassin minier et agglomération de Lille en particulier).
Des réseaux de collecte anciens, saturés.
Des politiques de protection ne permettent pas de reconstituer la qualité de l’eau superficielle.-> paragraphe à démontrer / illustrer.
La composante verte de la TVB suit la composante bleue.
La composante « bleue », constituée des cours d’eau et des zones humides, est fortement réduite sur l’AML.
Des milieux humides difficiles d’exploitation sont relativement préservés (Scarpe aval).
Les forêts résiduelles du territoire ont également des composantes humides (Saint Amand, Phalempin, et en périphérie Nieppe ou Mormal) . Les anciens sites industriels ou miniers ou carriers sont restaurés autour d’un bassin ou d’un plan d’eau.
Seules les parties de cours d’eau en bon état écologique participent réellement à la constitution de la trame bleue du territoire.et celles ci sont proportionnellement très peu nombreuses (cf SDAGE).
L’urbanisation et les infrastructures de transport participent à la dégradation progressive de la qualité des aquifères : artificialisation et imperméabilisation des sols qui ne permettent plus la reconstitution des nappes et donc participent à l’augmentation des concentrations de polluants ; rejets de polluants (nitrates ménagés, solvants, carbone, métaux, …) ; diminution des surfaces inondables dans le lit des cours d’eau … De même, les pratiques agricoles intensives sont un facteur aggravant par l’utilisation importante d’intrants.
Les enjeux identifiés :
Paradoxalement, le territoire de l’AML ne manque pas d’eau, et pourrait pourtant manquer d’eau « consommable ».
Si l’aspect quantitatif de la ressource en eau ne présente pas aujourd’hui, sauf dans quelques cas d’étiage sévère,un enjeu sur le territoire de l’AML, des enjeux en matière de qualité émergent du fait de la forte pression anthropique sur les milieux.
- 2/3 des communes soumises à un risque naturel (inondations et risques miniers)
Sur le plan des risques, environ 2 communes sur 3 de la région Nord Pas de Calais sont concernées par au moins un risque naturel, les inondations constituant le risque le plus fréquent.
Les lits mineurs de nombreux cours d’eau sont fortement perturbés accentuant les risques d’inondation (affluents de l’Escaut, la Solre, la Lawe ou la Scarpe amont, lits mineur et majeur de la Marque dans la traversée de l’agglomération lilloise).
Les quelques cours d’eau préservés de l’AML se situent en périphérie du territoire.
Le risque d’effondrement ou de mouvement de terrain est un risque moins fréquemment cité ; il affecte cependant plus de trois cents communes situées notamment à l’aplomb de cavités souterraines liées à d’anciennes carrières de craie.
D’autres risques naturels sont également présents : le retrait gonflement des argiles, phénomène assez marqué dans les Flandres, le risque sismique, avec un aléa modéré présent de l’Avesnois jusqu’au Valenciennois.
La région a également été le siège d’une exploitation importante de houille (2 milliards de m3). Les anciens sites miniers peuvent ainsi être affectés par des phénomènes de mouvements de terrain très localisés au niveau des anciens puits de mines (856 puits répertoriés), d’inondation dans les zones affaissées, d’émission de grisou et de combustion du charbon contenu dans les terrils et d’instabilité de leurs pentes.
Représentant près de la moitié du territoire régional et centré sur le bassin minier, l’Aire Métropole Lilloise (AML) est particulièrement concernée par les risques naturels et les risques miniers.
En conclusion, le Nord-Pas de Calais, et plus encore l’AML, est caractérisé à la fois par un territoire majoritairement agricole, disposant de ressources en eau conséquentes, de richesses naturelles certaines, et fortement artificialisé.
-* Banalisation des paysages en franges urbaines.
Sources :
Synthèse Etat première phase (état des lieux et recensement des projets,
version du 29/09/2010, 26 pages)
Les dynamiques engagées sur l’Aire métropolitaine de Lille - 05/07/2012, 73 pages)
Présentation de la synthèse de l’état des lieux copil du 18/10/2010
Le scenario des dynamiques engagées : Les idées clefs
Quelles visions peut on dégager à l’horizon 2020, 2030 ?
- Des projets qui renforcent lentement la matrice écologique et paysagère.
Il est nécessaire de renforcer la qualité de la matrice écologique et paysagère des territoires, ce que s’attachent à faire la plupart des projets recensés.
Dans l’ensemble, les projets de trame verte et bleue présentés par les différents partenaires montrent à des échelles adaptées, la constitution de corridors à plus ou moins haute valeur écologique qui se situent essentiellement à proximité de sites artificialisés ou sur d’anciens sites industriels.
Les possibilités de de développement de corridors biologiques au sens grenelle se situent plutôt aux franges de l’AML, sur des espaces peu artificialisés.
Toutefois, la matrice environnementale et paysagère et les lieux d’aménité progressent mais sans permettre la structuration de corridors écologiques de qualité à l’échelle de l’AML. Les projets territoriaux permettent d’amorcer la reconquête écologique et paysagère du territoire mais leurs échelles ne permettent le plus souvent pas de construire une réponse globale. Ils ne peuvent pas être considéré comme des éléments structurant les projets d’aménagement sans doute parce qu’aucune valeur intrinsèque n’était donnée à cette trame. Le projet de SRCE devrait modifier cette situation en apportant une valeur réglementaire aux continuités écologiques.
- A l’échelle de l’AML la place réservée aux espaces naturels et agricoles, à la préservation de la ressource en eau et à la prévention des risques est finalement assez malmenée. Des pressions qui continuent à s’appliquer
La progression de l’artificialisation des terres au travers des projets de zones d’activité semble toucher certains secteurs à forte potentialité écologique particulièrement dans le bassin minier et dans les vallées (Cf. carte valeur écologique des sites d’implantation des projets urbains).
Tous projets confondus, le foncier artificialisé mobilisé d’ici 2020 est estimé à 5 270 ha dont 40 % d’espaces agricoles.
La réalisation de projets routiers à l’horizon 2020 (contournements, élargissements de voies départementales) et la progression des déplacements routiers contribueront à augmenter la fragmentation déjà importante dans l’AML.
- Le problème de la qualité de l’eau pourrait induire des problèmes de quantité disponible. L’alimentation n’est pas sécurisé.
Avec l’appui du renforcement de la réglementation la prise en compte des objectifs de quantité et quantité de la ressource en eau est difficile mais progressive.
Quatre captages les plus menacés par les pollutions diffuses seront protégés dans le cadre de la mise en oeuvre du grenelle de l’environnement.
L’amélioration des réseaux d’assainissement devraient réduire les pollutions.
Toutefois, la pollution par les effluents domestiques risque de progresser en marge des efforts réalisés par les collectivités.
(Paradoxalement ??) une diminution des principales pressions polluantes est attendue dans le cadre des projets en cous. p66/68 mais l’amélioration de la qualité de la nappe d’eau est fonction des temps de réaction des nappes (parfois 30 ans).
La baisse de consommation d’eau potable d’ici 2020 est une hypothèse confortée par le renchérissement du prix de l’eau, la sensibilisation aux économies d’eau et à la possibilité règlementaire de réutilisation des eaux pluviales.
Plusieurs démarches ont pour objectif d’améliorer la qualité de l’eau d’ici 2020. (EX : opérations "ORQUE" -opération de reconquête de la qualité de l’eau- menées sur les champs captants du sud de Lille, sur la vallée de l’Escrebieux, sur le territoire Scarpe Aval).
Une majorité de projets de création de zones d’activités impactera les zones à enjeux "eau potable" du SDAGE dont certains périmètres de protection de captage d’eau potable.
Peu diversifié l’approvisionnement en eau potable de l’AML est fortement dépendant de l’extérieur. Le déficit (estimé à 74.5 millions m3/an) risque de s’aggraver, au vu de la progression démographique projetée, de la capacité des nappes ainsi que de la vitesse de restauration de la qualité de celles ci d’ici 2020 ou 2030.
La mise en route du canal Seine Nord peut représenter une source d’alimentation utile pour les transferts d’eau.
L’alimentation en eau potable s’effectue de plus en plus par des sources éloignées du territoire et qui peuvent être remises en question du fait du réchauffement climatique, augmentant le risque de pénurie à moyen terme, non pour des questions de quantité mais de qualité.
Les quantités d’eau disponibles disponibles sur l’AML pourraient alimenter le territoire à condition de réduire fortement les pollutions, ce qui représente un des enjeux majeurs à l’échelle de l’AML.
- L’analyse des projets recensés n’a pas permis d’observer d’incohérences flagrantes sur le plan des risques ni de problématique spécifique au territoire de l’AML.
L’évaluation préliminaire des risques d’inondation confirme l’exposition de certains territoires de l’AML. De véritables stratégies de gestion du risque devront être mises en place avec des mesures détaillées dans le futur plan de gestion des risques inondations du bassin Artois Picardie (approbation prévue en 2015).
A l’horizon 2020, ce changement radical dans la prise en compte du risque dans l’aménagement permet d’envisager une réduction progressive des conséquences négatives des inondations et par la limitation des constructions dans les zones identifiées comme inondables.
Nb : Certains aménagement sont encore soumis aux risques liés aux inondations. !! à vérifier
- La matrice de l’AML est essentiellement représentée par les espaces agricoles et urbains. La matrice principale, composée d’espaces agricoles, peut être le vecteur du développement de la matrice écologique et paysagère.
Toutefois les dynamiques engagées sur les thèmes transports et urbanisation risquent de dégrader les potentiel de développement de la matrice écologique et d’aménagement d’aménités naturelles.
Conclusions du diagnostic (et de l’analyse des projets) :
L’analyse des enjeux liés aux espaces naturels et agricoles fait apparaître que les pressions urbaines et économiques sur la matrice environnementale sont bien identifiées par les acteurs des territoires, qui ont défini des stratégies pour mieux préserver ce patrimoine.
Cependant ces stratégies souffrent de trois faiblesses principales :
- Il n’y a pas encore de stratégie globale à l’échelle de l’AML, ce qui rend difficile la réelle articulation de la trame verte et bleue avec le développement urbain et la réelle fonctionnaliré des continuités à cheval sur plusieurs territoires, ainsi qu’une planification urbaine cohérente avec les ressources en eau disponibles ;
- L’enjeu de reconquête de la qualité de l’eau à long terme, en particulier pour les pollutions diffuses d’origine agricole, commence à être perçu. Le recours à des ressources en eau de bonne qualité de plus en plus éloignées et situées hors de l’AML est une posture qui a atteint ses limites ;
- La matrice environnementale est avant tout abordée comme un patrimoine à protéger et préserver, et pas suffisamment comme une ressource qui participe pleinement au fonctionnement quotidien de la métropole, et à la qualité de vie de ses habitants.
C’est cette inversion du regard, au service d’une stratégie globale, qu’il s’agit de privilégier dans le cadre de cohérence.
Pour en savoir plus :
- Consulter les articles transports et urbanisation
- Consulter les documents ressources de la démarche préparatoire à un cadre de cohérence AML
- Consulter les fiches Ressources en eau, Risques naturels
