Ramsar (Zones humides)


La convention mondiale pour les zones humides est dite aussi convention de Ramsar, en référence à la ville iranienne où elle été signée le 2 février 1971. Cette convention a pour objectif de « favoriser la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des mesures prises au plan national et par la coopération internationale comme moyen de parvenir au développement durable dans le monde entier ».



En ratifiant cette convention en 1986, la France s’est engagée, avec les autres parties contractantes à :

  • désigner des zones humides d’importance internationale et maintenir leur caractéristique écologique ;
  • prendre en compte la conservation des zones humides notamment dans les documents de planification et d’aménagement ;
  • favoriser la recherche, la formation, l’échange de données et de publications sur les zones humides ;
  • promouvoir la gestion et l’utilisation rationnelle des zones humides.

En France, la priorité a été donnée à la gestion durable des zones humides, notamment par :

  • la mise en œuvre du plan national d’action pour les zones humides ;
  • l’utilisation de l’ensemble de la "boîte à outil" de la protection de la nature (réseau Natura 2000, réserves naturelles, parcs nationaux, parcs naturels régionaux…) ;
  • l’application de la politique de l’eau (loi sur l’eau, SAGE et SDAGE, programme des agences de l’eau…).

Sites labellisés "Ramsar" en Hauts-de-France

Le Marais audomarois
Site Ramsar n°1835

Labellisé le 15 septembre 2008, sa superficie est de 3 726 ha. Situé à 70 km de Lille, le marais audomarois constitue un patrimoine culturel et naturel d’autant plus exceptionnel qu’il a été entièrement façonné par l’homme durant 13 siècles. Il est composé de plus de 13 000 parcelles de terre et d’eau parcourues de 700 km de voies d’eau.

Avec 40 familles qui vivent de la culture légumière au premier rang desquels le fameux chou-fleur de Saint-Omer, le marais audomarois est également le dernier marais maraîcher de France. Ce territoire composé de prairies humides, de terres maraîchères et de roselières recèle une faune et une flore exceptionnelle : 200 espèces d’oiseaux, 13 espèces de chauves-souris, 26 espèces de poissons, 300 variétés de plantes y sont à découvrir.


La Baie de Somme
Site Ramsar n°925

Labellisé le 30 janvier 1998, sa superficie est de 19 090 ha. Le site se trouve sur le littoral et dans les marais-arrière littoraux de la Somme, à 20 km d’Abbeville, dans la Somme.

La Somme, fleuve côtier de Picardie, se jette dans la Manche dans un large estuaire appelé communément baie de Somme et qui a conservé un caractère sauvage, sans installation portuaire ni industrie. Le site se compose de larges étendues de plages de sable, de vasières, de prairies et de zones humides. Situé à la confluence de plusieurs voies de migration : Islande, îles britanniques, Scandinavie et Russie, l’estuaire de la Somme est l’une des plus célèbres haltes européennes pour les oiseaux, avec plus de 365 espèces répertoriées au cours des deux derniers siècles. Certains n’y font que passer, d’autres s’y arrêtent pour hiverner ou pour s’y reproduire, parmi lesquels la très rare Spatule d’Europe.

La baie de Somme est d’importance internationale en hiver pour le Tadorne de Belon, le Canard pilet et l’Huîtrier pie et d’importance nationale pour quinze autres espèces. Trente-quatre espèces de mammifères terrestres y ont élu domicile dont la plus importante colonie française de phoques veau-marin. La flore y est aussi exceptionnelle par sa grande diversité et par le nombre d’espèces rares et protégées au plan national voire européen, dont le Liparis de Loesel.

Les principales activités humaines sont le pâturage extensif, la chasse, la mytiliculture, le tourisme, la pêche embarquée ou à pied et l’exploitation de granulats. Depuis 2002, la « Maison Ramsar de la baie de Somme » contribue à des études sur les oiseaux d’eau, forme du personnel et contribue à la connaissance et à la conservation des zones humides du site.

Véritable joyau du littoral picard, la baie de Somme est célèbre pour ses petits ports de pêche, sa chasse au gibier d’eau, ses promenades à la découverte de la nature. Depuis Buffon, la baie a suscité nombre d’écrits et d’études scientifiques et est souvent considérée comme un véritable laboratoire pour les études sur les relations entre les oiseaux et l’homme. Les marais-arrière littoraux constituent également un ensemble remarquable, considéré comme l’une des plus grandes zones de tourbière de plaine en Europe occidentale.

Des menaces pèsent néanmoins sur le site. Les plus importantes sont l’ensablement de l’estuaire, le manque d’eau dans certaines zones humides qui entraîne le développement de la végétation arbustive, la pollution et la fréquentation mal contrôlée des espaces naturels les plus sensibles.


Les Marais de Sacy
Site Ramsar n°2312

Ce site vient s’ajouter aux sites déjà présents dans la région des Hauts-de-France. Labellisé le 9 octobre 2017, il s’agit du 47e site Ramsar français. La désignation de ce site vient récompenser sa richesse écologique en termes d’habitats et d’espèces, et les actions de préservation et de gestion durable engagées depuis plusieurs années par les collectivités et acteurs locaux.

Ils s’étendent sur 1 073 hectares, repartis sur 7 communes et sont constitués d’habitats spécifiques des fonds de vallée, devenus rares, et comptent parmi les plus beaux représentants de ce type de milieux au niveau national. Ils abritent un nombre exceptionnel d’espèces rares et menacées :

  • des espèces animales : le campagnol amphibie, l’anguille européenne et plusieurs espèces d’oiseaux, invertébrés, odonates et batraciens ;
  • des espèces végétales : 53 espèces de plantes ayant un intérêt patrimonial parmi lesquelles 18 sont protégées au niveau régional.

La labellisation vient aussi récompenser un partage des usages remarquables : pâturage non intensif et la chasse traditionnelle, menés en coopération avec les propriétaires aident à maintenir les caractéristiques écologiques du site, qui en font une étape importante pour les oiseaux migrateurs.

L’hydrologie du site est également intéressante. Il fournit en effet de l’eau pour l’agriculture et de l’eau potable pour plus de 25 000 personnes avec certains secteurs alimentés depuis le nord par des eaux souterraines riches en carbonate de calcium et d’autres, depuis le sud, par les pluies riches en sulfate.


Les Vallées de la Somme et de l’Avre
Site Ramsar n°2322

Labéllisé le 18 décembre 2017 le site comprend 13 100 ha.
Comprenant la basse vallée de la Somme et de son principal affluent, l’Avre, ainsi que les marais et tourbières adjacents, le site débouche, à son extrémité nord (aval), sur un autre Site Ramsar, la Baie de Somme, qui s’étend jusqu’à l’estuaire de la Somme.

Les Marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre font partie de l’un des plus vastes complexes tourbeux alcalins du nord-ouest de l’Europe. L’excellent état des habitats tourbeux, exceptionnel dans la région biogéographique atlantique, de même que les étapes de développement différentes, expliquent l’importance du site pour la biodiversité animale et végétale. Parmi les espèces remarquables, on peut citer la calamagrostide blanchâtre Calamagrostis canescens et l’anguille européenne Anguilla anguilla, deux espèces menacées au plan mondial. Le site est important pour l’hivernage d’espèces telles que le butor étoilé Botaurus stellaris et la locustelle luscinioïde Locustella luscinioides, ainsi que pour la nidification du blongios nain Ixobrychus minutus, de la sarcelle d’hiver Anas crecca et du busard des roseaux Circus aeruginosus. Activement géré en tant que site Natura 2000, il est aussi protégé par d’autres désignations. 70% de la population du département de la Somme vit à proximité et il joue un rôle central pour l’agriculture locale et l’économie de loisirs. Il a, en outre, une grande importance culturelle et historique ; les anciennes terrasses fluviales du site abritent les toutes premières traces d’occupation du nord-ouest de l’Europe par l’homme.


Les Vallées de la Scarpe et de l’Escaut
Site Ramsar n°2405

Le PNR Scarpe Escaut a initié une demande de labellisation sur le bassin versant en mai 2017.
Labellisé le 2 février 2020, sa superficie est de 27 000 ha. Belle coïncidence, car, à la même date, se déroulait la journée mondiale des zones humides.

Une part d’originalité du site est son contexte transfrontalier, la zone humide d’intérêt international s’étendant jusqu’en Belgique à travers le site Ramsar des Marais d’Harchies.
Il est constitué d’un complexe d’étangs connectés, de marais, de canaux, de tourbières, de forêts alluviales et marécageuses, de cours d’eau et d’aquifères, situés entre la Scarpe et l’Escaut. Certaines des grandes masses d’eau sont d’origine anthropique : elles ont, en effet, été créées par l’effondrement d’anciens complexes miniers.

Les espaces naturels comme artificiels offrent des habitats aux oiseaux nicheurs et migrateurs et l’on trouve aussi dans le site différents poissons et amphibiens.

Plusieurs espèces sont menacées au plan national ou international, notamment l’anguille d’Europe en danger critique, la grenouille des champs (Rana arvalis), dont près de la moitié de la population nationale se trouve dans le site, et le phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) vulnérable.

Les fonctions de la zone humide – épuration de l’eau, stockage et réduction des risques – sont importantes, notamment pour les plus de 300 000 personnes vivant autour du site. Les menaces importantes sont le drainage, l’agriculture, l’urbanisation et la surexploitation des ressources naturelles du site.


Pour plus d’information :


Contacts DREAL Hauts-de-France : Albin SAUTEJEAU, Thierry Hanocq

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