Les déchets industriels |
Une forte production de déchets industriels |
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En 2001, les établissements industriels enquêtés 11 ont produit 2,1 millions de tonnes de déchets industriels 12 dont 572 700 tonnes de déchets spéciaux, c’està- dire ceux qui présentent un danger 13 en raison des substances qu’ils renferment. Parmi les établissements industriels enquêtés, sont retenus ceux qui déclarent plus de 50 tonnes de déchets dangereux et/ou spécifiques par an, soit 254 en 2001. D’après le rapport publié chaque année par la Drire sur l’industrie au regard de l’environnement, la production de déchets industriels spéciaux tend à diminuer depuis 1992. Ils proviennent en majorité des secteurs de la métallurgie, de la chimie, de la mécanique et du traitement de surface.
La métallurgie, premier producteur de déchets 14 |
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Le secteur de la métallurgie-sidérurgie est de loin le premier producteur régional de déchets. Il fournit, à lui seul, 60 % des déchets industriels spéciaux et la quasitotalité des 2,6 millions de tonnes de laitiers de hautsfourneaux (HF). Le premier producteur de déchets de la région appartient à ce secteur : Sollac, à Dunkerque, produit chaque année, à lui seul, plus de 215 000 tonnes de déchets hors laitiers, soit près de 5 % de la production régionale totale de déchets et de laitiers sidérurgiques. Tous secteurs confondus, douze établissements fournissent 26 % des déchets régionaux (hors laitiers de hauts-fourneaux). Trois d’entre eux ont produit plus de 160 000 tonnes de déchets en 2001. Après Sollac à Dunkerque venait en deuxième position Umicore à Auby (hydrométallurgie du zinc) avec une production annuelle de 177 016 tonnes, suivi de Metaleurop 15 à Noyelles- Godault (pyrométallurgie du zinc et du plomb) avec une production de 169 350 tonnes. Plus de 90 % des laitiers de hauts-fourneaux sidérurgiques sont réemployés par les travaux publics ou les cimenteries. Laitiers de hauts-fourneaux, laitiers et scories d’aciéries, matériaux de crassiers et sables de fonderies sont utilisés en travaux publics en remblais, en couche de forme ou en assise de chaussée. Ils peuvent également être intégrés dans les bétons.
60 % des déchets sont valorisés 16 |
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La valorisation des déchets 17 de tous les secteurs confondus n’est que de 60 % et seulement 28 % pour les déchets dangereux. Il existe de fortes disparités d’un secteur à l’autre. Si les déchets de l’industrie agroalimentaire sont réutilisés en quasi-totalité (96 %), le plus souvent par recyclage en agriculture, la chimie n’en valorise que 13 %. Généralement, la valorisation est effectuée à l’extérieur de l’entreprise productrice. Ces dernières années, la valorisation agricole a fortement progressé. Près de 250 000 tonnes de déchets provenant essentiellement de l’industrie agroalimentaire, de la papeterie et du textile ont été ainsi valorisées en 2001. Afin que les épandages bénéficient à l’agriculture sans danger pour l’environnement, l’agence de l’Eau a soutenu la mise en place, depuis deux ans, de services d’assistance technique départementaux à la gestion des épandages. Ils sont chargés d’apporter leur concours aux acteurs impliqués dans l’utilisation de cette filière.
Une région attractive pour la valorisation des déchets |
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En 2001, le Nord - Pas-de-Calais a exporté 33 560 tonnes de déchets vers d’autres pays et importé 252 016 tonnes. Les pays concernés par ces mouvements transfrontaliers sont les trois pays du Benelux, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suisse. Très logiquement, la Belgique occupe la première place aussi bien pour les importations que pour les exportations. Les importations de déchets sont bien maîtrisées. Depuis 1995, aucun mouvement ne l’a été en vue d’une simple élimination. 90 % des déchets importés ont été destinés à la valorisation matière et 10 % à la valorisation énergétique. La forte augmentation des importations (+ 76 % en une année) est liée à l’augmentation de l’intérêt de valorisation matière ou énergétique pour bien des entreprises de la région.
La région traite également des déchets provenant de toute la France. Ainsi, près de la moitié des déchets incinérés en centre collectif, valorisés, régénérés ou recyclés proviennent d’autres régions. La filière valorisation matière est très active, reste à développer la valorisation énergétique. Elle s’appuie sur quelques entreprises ayant un réel savoir-faire en la matière. Une quinzaine d’entreprises de la région utilisent des déchets comme matière première ou réintroduisent des résidus dans le cycle de fabrication. C’est notamment le cas des acides résiduaires (Produits chimiques de Loos), des poussières à base de nickel et de chrome (Bus Valera à Gravelines), des déchets et écumes de zinc (Norzinco à Anzin), etc.
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Les déchets industriels spéciaux

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Des efforts pour traiter les déchets industriels spéciaux |
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La région est équipée de quelques centres de traitement de déchets industriels spéciaux : lavage de citernes de transport, régénération d’huiles usagées et régénération de solvants. Elle compte également un centre collectif d’incinération de déchets spéciaux et deux cimenteries autorisées à utiliser des déchets combustibles, en substitution aux combustibles traditionnels (fuel ou charbon pulvérisé). Environ 22 % des déchets industriels spéciaux de la région sont incinérés avec, dans la plupart des cas, récupération d’énergie. 8 % le sont directement en interne chez les producteurs. L’industrie du chimie-pétrole parvient même à traiter 41 % de sa production. La région est donc relativement bien pourvue en matière d’unités de traitement. On peut cependant signaler l’absence d’une unité de traitement physico-chimique pour les bains de traitement de surface. Ceux-ci sont actuellement dirigés vers des unités situées en Île-de-France et en Alsace qui, pour l’instant, offrent des capacités d’accueil suffisantes.
La diminution du nombre de décharges internes |
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Le nombre de décharges individuelles et la gamme de déchets qui y sont enfouis ne cessent de diminuer. Les entreprises sont de plus en plus incitées à rechercher des filières de valorisation de leurs déchets, notamment les aciéries pour les poussières d’épuration des fumées. En 2001, la région ne comptait plus que treize décharges en activité contre dix-huit en 1999. Deux secteurs étaient particulièrement concernés : la métallurgie-sidérurgie et la chimie-pétrole. 40 % des déchets industriels spéciaux de la métallurgie-sidérurgie étaient stockés de cette manière.
L’absence de décharge de classe I |
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L’absence de décharge susceptible d’accueillir les déchets dangereux ultimes stabilisés en Nord - Pas-de- Calais est un problème important. Malgré les recommandations du Predis, il n’y a plus de décharge de classe I en Nord - Pas-de-Calais depuis la fermeture de celle de Menneville en 1994. La région n’est toujours pas autonome pour traiter ses déchets dangereux de type résidus d’épuration des fumées des unités d’incinération de déchets. Ni le principe d’autosuffisance, ni celui de proximité ne sont alors respectés. Enfin, l’éloignement des centres de traitement entraîne un surcoût et génère le transport de matières dangereuses sur de longues distances. Les déchets industriels spéciaux et les déchets des unités d’incinération des ordures ménagères (UIOM) devant aller dans cette filière sont dirigés hors de la région, essentiellement vers l’Île-de-France et l’ouest de la France. La production de déchets dangereux mis en décharge de classe I est bien inférieure aux estimations du Predis. Ceci constitue une explication économique car les opérateurs privés susceptibles d’implanter ce type d’équipement recherchent la rentabilité de leur investissement. Pour cela, ils privilégient une logique nationale plutôt qu’une logique régionale, préférant installer quelques très grands équipements interrégionaux plutôt qu’un maillage d’équipements régionaux.
Les autorisations préfectorales ont été accordées pour trois sites : Eringhem, Lynde et Haulchin. Finalement, aucun d’entre eux n’est réalisé à ce jour et ne le sera probablement jamais. Ces projets rencontrent de grandes difficultés. Aux hésitations des opérateurs s’est ajouté le refus des populations de voir s’implanter une décharge sur leur commune. Le Nord - Pas-de-Calais, grande région industrielle, trouverait son avantage à disposer d’un centre de stockage de classe I sur son territoire pour y traiter les déchets relevant de cette filière. Son absence peut être à terme une entrave au développement d’activités qui ont besoin de stocker certains types de déchets ultimes.
Notes
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11 - Il s’agit des déclarations faites par les producteurs de déchets auprès de la Drire, conformément à l’application de l’article 8 de la loi du 15 juillet 1975. 12 - Sous le vocable de déchets industriels sont inclus les déchets spéciaux ainsi que le déchets non inertes et non banals. Il peut s’agir, par exemple, de boues de traitement d’effluents des industries agroalimentaires ou de cendres issues de la combustion du charbon. 13 - Ce rapport est disponible sur le site de la Drire : http://www.nord-pas-de-calais.drire.gouv.fr 14 - Drire, 2002. L’industrie au regard de l’environnement. Douai, 265 p. 15 - Établissement fermé début 2003. 16 - Drire, 2002. L’industrie au regard de l’environnement. Douai, 265 p. 17 - Déchets industriels et déchets industriels spéciaux, hors laitiers.
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