La dynamique touristique |
Un essor récent |
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Bien qu’encore victime de son image, la région a
un réel potentiel touristique. Elle offre un patrimoine
naturel, culturel, industriel et historique diversifié.
Conscients des potentialités dans ce domaine, les acteurs
locaux se sont donné les moyens d’exploiter ce gisement
d’emplois. Aujourd’hui, le Nord - Pas-de-Calais récolte les
fruits de cette politique.
Du fait de sa situation au cœur de l’Europe et de la
proximité de grandes capitales européennes, c’est une
région de transit, d’excursion 1 et de séjours avec environ
4,8 millions de touristes français 2 en 2000. Le Nord - Pasde-
Calais se place au neuvième rang 3 des régions de la
métropole pour les nuitées dans l’hôtellerie classée (soit
3,1 % du total national en 2002). Elle n’est, en revanche,
qu’au onzième rang (2,6 % du total national) 4 si l’on
prend en compte tous les types d’hébergement. La consommation
touristique 5 dans la région a été estimée à
2,6 milliards d’euros en 2002, ce qui représente 3 % du
total national et place la région au onzième rang. Selon
l’Insee, le tourisme employait en moyenne 16 000 salariés
en 1999 6. Certes, le tourisme n’occupe pas une place
prépondérante dans l’emploi régional (entre 0,7 % et
1,5 % selon les estimations), mais il s’affirme comme un
secteur dynamique, et l’emploi lié à ce secteur d’activité
augmente régulièrement d’année en année : + 5,3 % en
1998 et + 3,3 % en 1999. Avec 3 % des créations nettes,
sa progression est plus forte que celle de l’ensemble
des emplois salariés. L’emploi salarié lié au tourisme est
surtout concentré sur le littoral et secondairement dans
l’agglomération lilloise.
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L’évolution
de la fréquentation touristique

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Un profil touristique original |
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Le tourisme du Nord - Pas-de-Calais se distingue des
autres régions plus traditionnellement touristiques par
son originalité qui tient à son « bassin de clientèle » et
à son profil touristique. Située au sein de la nébuleuse
urbaine Nord-Ouest européenne, la région bénéficie
d’un marché touristique potentiel de 45 millions de personnes
dans un rayon de 250 kilomètres, sans oublier
les 4 millions de personnes qui y résident. Un tiers des
séjours serait d’ailleurs le fait de la population régionale 7. Le profil touristique du Nord - Pas-de-Calais est
diversifié. Le tourisme régional est avant tout un tourisme
de vacances, axé surtout sur les mois de juillet et
d’août. Au premier rang des destinations se trouvent la
côte d’Opale 8 (un touriste sur trois) et le sud du département
du Nord. C’est aussi un tourisme de courts séjours
et de week-ends, surtout pour les habitants des régions
limitrophes ainsi que les Britanniques, les Belges, les
Allemands, les Néerlandais et, dans une moindre mesure,
les Scandinaves. C’est également un tourisme de loisirs
de proximité servi par les espaces de nature, les forêts 9,
les plans d’eau et les équipements de loisirs répartis sur
l’ensemble du territoire régional. C’est encore un tourisme
d’affaires (un touriste sur dix) en plein développement
dans quelques grands centres urbains en raison de
la présence de salles de congrès et d’équipements hôteliers
de qualité. C’est enfin un tourisme de passage lié à
la vocation de carrefour européen de la région. Autre
originalité, le tourisme de visite, chez des parents ou des
amis, est surreprésenté. Il concerne trois séjours sur cinq
contre seulement un sur deux en moyenne en France.
Le tourisme fluvial est en plein essor |
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Le Nord - Pas-de-Calais compte 680 kilomètres de
voies navigables, ce qui en fait le réseau le plus dense de
France. Il s’agit d’un réseau euro-régional exceptionnel
offrant une situation stratégique au cœur de l’Europe du
Nord-Ouest, en liaison avec la Belgique, les Pays-Bas et
l’Allemagne. S’appuyant sur l’engouement croissant du
public pour tout ce qui a trait à la nature, à l’eau et à
l’amélioration de la qualité des cours d’eau, les canaux et
les rivières dynamisent le développement des territoires
qu’ils traversent. Le Nord - Pas-de-Calais compte plusieurs
dizaines de milliers d’adeptes du tourisme fluvial
et des loisirs nautiques. Les plaisanciers sont en majorité
étrangers (60 %) 10 mais les habitants du Nord - Pas-de-
Calais sont également bien représentés (34 %). En 2001,
la navigation de plaisance a progressé d’environ 4 % et
11 500 mouvements de bateaux 11 ont été recensés sur le
réseau. Les plaisanciers disposent de neuf ports de plaisance
et de 45 haltes nautiques aménagées à leur intention.
Des bateaux « promenade » transportent chaque
année près de 130 000 à 140 000 touristes. Les bateaux
électriques non habitables et non polluants font une
récente mais intéressante percée sur le marché des loisirs
nautiques. En trois ans, une flotte de 36 bateaux s’est
installée et devrait évoluer vers un produit d’itinérance
fluviale, associé au développement du tourisme de berges
et des nombreuses fêtes de l’eau organisées par les
collectivités locales.
Le réseau fluvial et ses berges |
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Depuis une dizaine d’années, un important effort
de réhabilitation a été engagé par les acteurs locaux 12, avec la
restauration ou la valorisation des voies navigables, des 1 100
kilomètres de chemins de randonnée et des 2 000 hectares du domaine
public fluvial situé le long des voies. Cet effort est vital pour
le transport de marchandises, mais aussi pour le développement des
activités de loisirs et de tourisme. Toutes ces actions sont menées
avec le souci de l’esthétique fluviale. D’importants investissements
ont été consentis ces cinq dernières années pour l’aménagement des
berges et des abords des voies d’eau, mais aussi pour leur reconquête
qui est encore inachevée. Les touristes et promeneurs, à pied, à
vélo, voire à cheval, sont désormais des milliers à les fréquenter
chaque semaine. Le lien entre ce loisir de bord de l’eau et le tourisme
fluvial devrait se renforcer au fur et à mesure de la progression
des aménagements 13 : initiatives festives, passerelles assurant
la continuité des circuits ou encore aires d’accueil. Les berges
constituent également des itinéraires cyclables de longue distance
qui devraient permettre, à terme, d’aller de Paris en Belgique.
Ces « véloroutes - voies vertes » ont des fonctions multiples. D’une
part, elles assurent une liaison sécurisée entre les villes, d’autre
part, elles permettent, dans la traversée des agglomérations, l’utilisation
d’un mode de déplacement respectueux de l’environnement. Ce réseau,
qui est financé en grande partie par le contrat de plan État-Région
et les fonds européens, pourrait encore être renforcé et d’autres
itinéraires créés pour relier notamment Paris à la frontière belge 14.
Le réseau des « véloroutes - voies vertes » emprunte
également les anciennes voies ferrées désaffectées et
les chemins ruraux. Il est constitué de trois axes nordsud
: la voie verte internationale du littoral, qui part du
nord de l’Europe, passe par le littoral et joint les côtes
sud de la France et de l’Espagne, la voie verte nationale
Paris - Amiens - Belgique qui passe par Lille et, enfin, l’axe
Paris - Moscou, qui emprunte d’anciennes voies ferrées et
des canaux de l’Avesnois. Il existe, de plus, un itinéraire
est-ouest, traversant la région par l’ex-bassin minier.
Le renouveau du bassin minier |
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Qui aurait pu prévoir que l’ancien bassin minier
puisse un jour devenir une destination touristique ou un
espace de loisirs ? Pourtant, le centre historique minier de
Lewarde, qui est aujourd’hui le plus grand musée de la
mine en France, accueille chaque année près de 140 000
visiteurs. En redonnant vie à un ancien site minier, ce
conservatoire de la mémoire de la mine permet de faire
le lien entre le passé et le présent. Le pays minier fait
aujourd’hui partie intégrante du parc naturel régional
(PNR) Scarpe-Escaut et sa localisation périurbaine, à la
porte de grandes villes industrielles, lui confère une fonction
de « poumon vert » essentielle pour les habitants.
La politique de résorption des grandes friches minières
et sidérurgiques, engagée depuis une dizaine d’années
avec notamment la constitution de la trame verte, porte
ses fruits. Même si l’histoire minière et industrielle a laissé
une empreinte dans les paysages (chevalements, carreaux
de fosses, étangs d’affaissements miniers, terrils, etc.),
ceux-ci ont été depuis profondément remodelés : des
liaisons piétonnes et cyclistes, permettant de relier les
principaux sites, ont été aménagées sur les anciens cavaliers
et des sites végétalisés ont donné naissance à des
bases de loisirs de proximité comme le lac des Argales
à Rieulay 15. Les acteurs locaux souhaitent par ailleurs
valoriser les vestiges industriels et les spécificités de l’urbanisation
et de l’architecture de l’ancien bassin minier,
en présentant sa candidature en vue de son inscription
au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est en fait le patrimoine
minier et industriel de la région dans son ensemble,
longtemps vécu comme les stigmates d’un monde
défunt, qui devient aujourd’hui un capital à valoriser :
l’installation des archives du monde du travail à Roubaix
dans un ancien « château » de l’industrie textile (l’usine
Motte Bossut) en est un exemple. Ces changements profitent
aux touristes, mais avant tout aux habitants qui
peuvent ainsi porter un nouveau regard sur leur région.
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L’importance
des résidences secondaires

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Notes
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1 - Une étude
du Comité régional de tourisme (réalisée
en 1999), intitulée « L’excursionisme
dans l’Eurorégion », estime qu’environ
59 millions d’excursions auraient lieu chaque
année dans la région.
2 - Direction du Tourisme - TNS Sofres, 2001. Enquête
Suivi de la demande touristique.
3 - La région est au huitième rang pour
les arrivées dans l’hôtellerie classée
avec 3,7 % du total national en 2002.
4 - Source : direction du Tourisme.
5 - Source : Les comptes du tourisme (direction du Tourisme).
6 - L’estimation est difficile car le tourisme
est une activité transversale dont l’influence
recouvre en totalité ou en partie de nombreuses
activités économiques comme l’hébergement,
la restauration, les loisirs, le commerce et les transports,
et aussi une activité saisonnière, avec
une saisonnalité nettement plus marquée
que pour l’ensemble des emplois salariés
: l’effectif salarié de l’été
est supérieur de 25 % à l’effectif
moyen de l’année.
7 - Direction du Tourisme - TNS Sofres, 2001. Enquête
Suivi de la demande touristique.
8 - Le rapport du Commissariat au Plan « Réinventer
les vacances : la nouvelle galaxie du tourisme »
classe la côte d’Opale parmi les zones d’excellence
internationale bénéficiant d’un
potentiel de développement touristique très
important, notamment pour les courts séjours.
9 - Mais celles-ci ne représentent que 8 % de
la superficie régionale et sont très fragmentées.
10 - Ils sont surtout Belges et Hollandais.
11 - Source : direction régionale de Voies Navigables
de France (VNF).
12 - Voies Navigables de France, conseil régional,
conseils généraux, communes, mais aussi
acteurs économiques et associatifs et programmes
européens.
13 - En 2000, le Comité régional de tourisme
Nord - Pas-de-Calais et Voies Navigables de France ont
installé treize « éco-compteurs
» le long des berges les plus fréquentées
afin d’en estimer la fréquentation.
14 - Par le canal de la Deûle et la Lys passant
par Lille, celui de Saint-Quentin et de l’Escaut
canalisé passant par Cambrai - Valenciennes et
la Sambre canalisée passant par Maubeuge.
15 - Ces opérations ont été réalisées
grâce à la politique de requalification
menée par les pouvoirs publics et mise en œuvre
par l’Établissement public foncier avec
le concours du contrat de plan État-Région
et des fonds structurels européens. Le schéma
directeur d’aménagement des sites miniers
environnementaux du Valenciennois, en proposant de nouveaux
aménagements pour achever l’exercice de
requalification, complète cette démarche.
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