Les activités passées |
Si beaucoup des activités anciennes du Nord - Pas-de- Calais ont marqué fortement le territoire, c’est l’extraction charbonnière qui y a laissé les empreintes les plus fortes.
Le charbon, une longue histoire |
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L’aventure du charbon débute en 1720, avec la découverte des veines prolongeant celles du bassin de Wallonie, et se termine en 1990 avec la fermeture du dernier puits. En 1930, l’extraction atteint son chiffre record avec 35 millions de tonnes, soit les deux tiers de la production nationale. Allongé d’ouest en est, sur 100 km, au centre de la région, le bassin minier n’a qu’une quinzaine de kilomètres de large. En 1960, au moment de l’amorce du déclin, les Houillères employaient plus de 120 000 personnes. Les rendements médiocres et la concurrence des hydrocarbures et du charbon étranger ont entraîné le repli de l’extraction, puis la fermeture progressive des puits après plusieurs plans de restructuration. L’extraction du charbon, qui s’achève en 1990 1, a laissé des traces indélébiles dans le paysage : des centaines de terrils, des milliers d’hectares de friches, des zones humides liées aux eaux d’exhaure, des affaissements de terrains et des sols pollués. Les activités industrielles qui lui étaient associées s’éteignent aussi : cokerie, carbochimie, centrale thermique, sidérurgie intérieure. La fermeture des mines marque la fin d’un mode de vie et d’une culture auxquels les habitants étaient très attachés malgré les dangers du métier et la fréquence de la silicose.
Effacer les traces du passé |
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Le bassin minier a connu alors, pendant plusieurs décennies, une situation d’une gravité exceptionnelle. L’omniprésence et l’omnipotence, pendant plus deux siècles, d’une mono-industrie ont produit des effets spécifiques qui ont pesé et pèsent encore sur les hommes et le territoire. Des efforts financiers considérables en faveur de la conversion ont été engagés par l’Europe, l’État et les collectivités territoriales. Contrats de plan État-Région, fonds structurels européens, fonds d’industrialisation des bassins miniers, société de conversion (Finorpa), Comité interministériel d’Aménagement et de Développement du territoire (Ciadt) ont accompagné pendant des années ces mutations. Les acteurs régionaux ont pris conscience de la gravité des problèmes environnementaux dès le début des années quatre-vingts. Ils ont, à l’aide du contrat de plan État-Région (1989-1993), créé un établissement public foncier en charge de la réhabilitation des friches industrielles. Si, dans un premier temps, il s’agissait surtout de réhabiliter les friches afin d’effacer les traces du passé dans le paysage, par la suite, les réhabilitations se sont intégrées à une problématique plus globale : développement urbain, trame verte, etc. Sous l’impulsion de la conférence permanente du bassin minier initiée par le conseil régional en 1997, un document stratégique intitulé « Une ambition partagée pour l’après-charbon » a été élaboré. Il s’agissait d’un projet ambitieux, issu d’un travail collectif, abordant aussi bien les aspects humains qu’environnementaux et économiques. Aujourd’hui, ces efforts commencent à porter leurs fruits, le paysage s’est transformé mais le chômage structurel est persistant et de nombreuses friches polluées n’ont pas encore été réhabilitées.
La situation actuelle |
Un PIB par habitant faible |
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Le Nord - Pas-de-Calais accuse un déséquilibre entre sa masse démographique et son poids économique. En 2000, il ne participe que pour 5,5 % au produit intérieur brut (PIB) national 2 alors qu’il représente 6,9 % de la population métropolitaine. La région est au 17e rang pour le PIB par habitant (18 982 euros). Cet écart s’explique en partie par le nombre élevé de chômeurs, mais surtout par le faible taux d’activité, notamment féminin. Seule une faible part de la population participe à la production de richesse. Quant au PIB par emploi, il est proche de la moyenne des régions françaises (hors Île-de- France et Dom-Tom). Manquant d’activités à forte valeur ajoutée, la région ne se place qu’au 7e rang des régions françaises pour le PIB par emploi 3. Malgré son déclin, l’industrie représente encore près de 27 % de la valeur ajoutée brute 4 (VAB) de la région alors que la moyenne française est de 21 %. En revanche, les services marchands participent nettement moins à la VAB régionale que dans les autres régions françaises, 43 % contre près de 52 %. Ainsi, la tertiarisation de l’économie régionale est plus le fait du secteur non marchand que du secteur marchand.
Renouveau économique et chômage chronique |
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La région a su tourner la page de la « vieille » économie. Le tissu productif a montré sa capacité d’adaptation en créant des emplois et de nouvelles activités, mais pas en nombre suffisant pour éviter la hausse du nombre de chômeurs. Le Nord - Pas-de-Calais connaît depuis des années l’un des taux de chômage les plus élevés des régions métropolitaines. Même si celui-ci tend, petit à petit, à se rapprocher de la moyenne nationale, son niveau reste très préoccupant et la situation est très contrastée d’une zone d’emploi à l’autre : 11,9 % fin décembre 2002, contre 9,1 % pour la France. Pourtant, le tissu économique régional a fait preuve de vitalité en créant 42 000 emplois entre 1990 et 1999 et en intégrant 102 000 actifs de plus qu’en 1990. La région n’arrivant pas à absorber l’arrivée des nouveaux actifs qui sont surtout des jeunes (région la plus jeune de France) et des femmes (le taux d’activité féminin est encore inférieur à la moyenne nationale), le taux de chômage reste toujours élevé.
Une spécialisation spatiale |
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Les activités industrielles se répartissent de façon inégale sur le territoire. À Lille, elles diminuent et cèdent progressivement le terrain au tertiaire. La sidérurgie et la transformation des métaux se trouvent plutôt dans le Dunkerquois, le textile à Roubaix-Tourcoing, l’automobile dans le Douaisis et le Valenciennois, le verre à Saint-Omer et l’agroalimentaire un peu partout dans la région. La situation des zones d’emploi est contrastée, certaines d’entre elles faisant preuve d’un réel dynamisme économique. Pourtant, elles continuent à partager d’importantes difficultés sociales, le plus souvent d’ordre structurel.
La montée du tertiaire |
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La région occupe une place de premier rang au niveau mondial pour la vente par correspondance et de deuxième rang au niveau national pour les centres d’appel. Le Nord - Pas-de-Calais n’échappe pas, comme toutes les autres régions françaises, à la croissance de l’emploi tertiaire. C’est surtout l’agglomération lilloise qui en profite. Alors qu’en 1989, un tiers des emplois lillois provenait de l’industrie, cette activité ne représentait plus qu’un emploi sur cinq en 1997. En cinq ans, les emplois de services de la région ont augmenté en moyenne de 2,9 % par an contre 2,6 % au niveau national. En 2001, ils représentaient 72 % des emplois régionaux, plaçant la région au même niveau que la moyenne nationale. Petit à petit, la région perd ses spécificités et converge de plus en plus vers les moyennes nationales pour un ensemble de paramètres : emploi tertiaire, travail des femmes, niveau scolaire, offre régionale de services aux entreprises, etc. Cependant, dans des domaines stratégiques, la place de la région ne correspond pas à son poids démographique et montre des faiblesses dans le tertiaire supérieur. Avec 8,3 % d’emplois dans les fonctions supérieures 5, la métropole lilloise n’est qu’au 13e rang des agglomérations françaises pour le nombre d’emplois décisionnels ou stratégiques 6.
Notes
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1 - Avec la fermeture du puits n° 10 d’Oignies. 2 - Le PIB du Nord - Pas-de-Calais était de 75 974 millions d’euros en 2000. 3 - Le PIB par emploi dans le Nord - Pas-de-Calais était de 53 948 euros en 2000. 4 - Plaçant la région au 5e rang derrière la Haute-Normandie, la Franche-Comté, l’Alsace, la Picardie et Rhône-Alpes. 5 - Fonctions métropolitaines supérieures définies par Philippe Julien dans « Onze fonctions pour qualifier les grandes villes », Insee première, n° 840, mars 2002. 6 - Valenciennes, Dunkerque, Douai-Lens, Béthune se trouvent respectivement aux 47e, 48e, 49e et 50e rang.
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