Une consommation d’énergie et des émissions de CO2 difficilement contenues |
La consommation augmente dans tous les secteurs |
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Si le profil régional de consommation énergétique a peu évolué qualitativement entre 1990 et 2001, tous les secteurs ont néanmoins vu leur consommation d’énergie progresser au cours de cette période : transports (+ 28,8 %), tertiaire (+ 25,5 %), résidentiel (+ 12 %), industrie (+ 11,2 %) et sidérurgie (+ 8 %). Les croissances observées dans les transports et l’industrie sont supérieures de 6 à 8 points à celles obtenues au plan national et la hausse de la consommation dans la sidérurgie est à contre-courant du recul national (– 19,1 %).
Au total, la consommation d’énergie progresse plus rapidement en Nord - Pas-de-Calais que la moyenne nationale : + 15,3 % contre + 11,9 % entre 1990 et 2001. Cependant, après la forte hausse observée entre 1996 et 1999, une stabilisation semble s’opérer depuis trois ans, même si une nouvelle tendance à la hausse est attendue 11. Les transports, le résidentiel-tertiaire et l’industrie-sidérurgie sont chacun responsables d’environ un tiers de l’augmentation régionale alors qu’au niveau national, la progression n’est imputable à égalité qu’aux deux premiers.
Une tendance plus structurelle que démographique |
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La croissance annuelle de la consommation d’énergie primaire est plus difficilement contenue en région qu’au niveau national : + 1,5 % par an contre + 1,1 % entre 1990 et 1998. Cependant, l’écart s’est notablement restreint ces dernières années : + 1 % par an contre + 0,9 % entre 1998 et 2001. L’augmentation de la population (+ 1,2 % de 1990 à 2001), comme la présence d’activités industrielles fortement consommatrices d’énergie, ne semble pas être la cause essentielle de la « surconsommation » énergétique opérée dans le même temps (+ 15,3 %). Semblent plus déterminants l’étalement urbain et la position géographique de la région, qui en font un « carrefour » entre le Nord et le Sud de l’Europe propice au développement du transport routier de transit, notamment de marchandises.
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L’évolution de la consommation finale d’énergie

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Un accroissement du transport routier |
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La région est une plaque tournante européenne pour le transport de marchandises. En 1999, 254 millions de tonnes de marchandises ont été transportées à destination ou en provenance du Nord - Pas-de-Calais par voie terrestre, soit 8,3 % du volume national. 40 % de ces marchandises concernaient des flux internationaux. À cela s’ajoutent 46 millions de tonnes de marchandises transportées par voie maritime. Enfin, le Nord - Pas-de- Calais est la deuxième région logistique de France après l’Île-de-France. Elle compte plusieurs grandes plates-formes logistiques, terrestres (Valenciennes), etc. ou portuaires (Dunkerque, Calais) [voir le chapitre Transports].
Par ailleurs, l’étalement urbain participe aussi à l’accroissement du transport routier. La périurbanisation s’effectue au profit de la maison individuelle 12 qui est gourmande en énergie. Elle renforce également le recours à la voiture individuelle et l’augmentation des distances moyennes parcourues. C’est ainsi que la consommation énergétique a augmenté de 30 % dans la zone périurbaine de l’agglomération lilloise entre 1987 et 1998, contre une quasi-stabilisation dans l’hypercentre 13. Ce phénomène commun à la plupart des villes est encore plus marqué dans une aire multipolaire comme Lille [voir les chapitres Transports et Dynamique urbaine].
Conséquence de ces caractéristiques régionales, le réseau routier régional est l’un des plus maillés de France. La région dépasse en effet les moyennes nationales en matière d’autoroutes, de routes nationales ou de départementales [voir le chapitre Transports]. Enfin, malgré le renouvellement en cours du parc de véhicules vers des voitures plus économes et moins polluantes, les émissions régionales de CO2 induites par le transport routier ne cessent d’augmenter.
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L’évolution des émissions de dioxyde de carbone

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En corollaire, des émissions de CO2 non maîtrisées |
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La structure et l’évolution des émissions de CO2 suivent assez bien celles de la consommation finale d’énergie 14. Les émissions de CO2 ont atteint 35,4 Mt en 2001 15 : la sidérurgie (32,4 %) et l’industrie (19,8 %) sont responsables de plus de la moitié de ces émissions, suivies des transports (24,5 %) et du résidentiel-tertiaire (22,1 %). Entre 1990 et 2001, les émissions régionales de CO2 ont progressé de 8,5 % selon une évolution annuelle comparable 16 à celle de la consommation finale d’énergie bien que celle-ci soit plus atténuée (+ 15,3 % pour l’énergie dans le même temps).
Si la hausse la plus forte est enregistrée pour l’agriculture (+ 34,2 %), celle des transports (+ 28 %) représente quantitativement à elle seule plus des deux tiers de l’augmentation régionale des émissions de CO2 sur la période. Parallèlement, le résidentiel-tertiaire et l’industrie- sidérurgie, respectivement en hausse de 7,8 % et 1,1 %, représentent 20,3 % et 7,4 % de l’augmentation régionale observée des émissions. Seule l’industrie (sidérurgie exclue), qui a absorbé dans le même temps 55 % de la hausse régionale en consommation électrique 17, voit ses émissions à la baisse (– 4,1 %).
À l’inverse de 1990, les émissions de CO2 induites par l’utilisation des produits pétroliers (essentiellement le gazole, l’essence, le fioul domestique et le fioul lourd) principalement dans les transports dominent en 2001 : elles en représentent aujourd’hui 39 %, en hausse de 9,3 %, devant celles issues des CMS (35 %), en baisse de 5,5 % sur la même la période. Les émissions induites par l’utilisation du gaz, en forte progression par rapport à 1990 (+ 40,1 %), consolident leur troisième place avec 24 % : cette augmentation est imputable au résidentiel (pour 40 %) et à l’industrie (pour 34,1 %).
Notes
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11 - La stabilisation observée entre 1999 et 2001 est surtout le résultat du tassement de la consommation énergétique de la sidérurgie provoqué par le ralentissement de sa production industrielle. Les premiers chiffres pour 2002 annoncent une augmentation de 20 % de la production, et donc de la consommation du secteur. 12 - Le taux régional de maisons individuelles est bien supérieur à la moyenne nationale (75 % contre 53 %). 13 - Source : Ademe Nord - Pas-de-Calais - Conseil régional - LMCU - Cete - Inrets. 14 - Comme pour les données de consommation finale d’énergie, toutes les données d’émissions de CO2 rapportées dans ce chapitre concernent l’utilisation de l’énergie chez le consommateur final (ménage, entreprise, etc.). 15 - Source : Norener, 2003. 16 - Une relative stabilisation depuis 1999 est également observée. 17 - Ce résultat n’est pas seulement la conséquence d’une évolution structurelle lente : interfèrent également l’installation et la fermeture, assez aléatoires, de sites fortement consommateurs d’électricité (exemple : installation d’un site Péchiney à Loon-plage en 1992).
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