Les émissions de polluants de quelques secteurs d’activité |
La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996 invite les grandes agglomérations à mettre en place un plan de déplacement urbain (PDU) et un plan de protection de l’atmosphère (PPA). Le PDU a pour but d’organiser les déplacements de personnes et du transport de marchandises dans les villes de plus de 100 000 habitants. Son but est de limiter la circulation motorisée individuelle au profit des transports en commun. Le PPA arrête des mesures en faveur d’une meilleure qualité de l’air dans les villes de 250 000 habitants ou dans celles qui en ressentent le besoin. Ce dernier, qui décline localement les grandes orientations du plan régional pour la qualité de l’air (PRQA), a une valeur réglementaire. Il remplace les arrêtés préfectoraux précédents décrivant les zones de protection spéciales (ZPS) 22 et les mesures d’urgence.
L’industrie et l’énergie jouent encore un rôle important |
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Le poids du Nord - Pas-de-Calais dans les émissions nationales correspond à celui de sa population. En effet, 6,9 % de la population française vivait dans la région en 1995 et la part de ses rejets aux émissions nationales 23 s’échelonnait, selon le type de polluants, entre 4 % et 9 %. Sa participation est plus importante pour les polluants issus de l’industrie et de l’énergie. Les zones les plus émettrices sont celles où est implantée l’industrie lourde, c’est notamment le cas de Dunkerque 24. Cette situation est à l’image de l’économie régionale qui, même si le secteur tertiaire progresse, reste industrielle. Sa spécialisation sectorielle dans la métallurgie et la transformation des métaux, organisée en très grandes unités de production, maintient localement des foyers de pollution même si des progrès considérables ont été accomplis en matière de réduction des émissions, sous la pression de la réglementation et des pouvoirs publics. À Dunkerque, pour maîtriser les effets de l’industrie sur l’environnement, un PPA est en cours d’élaboration 25 et un Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles (SPPPI) a été créé. Cette structure, qui définit les orientations de la politique locale de prévention des pollutions industrielles et des risques, rassemble l’ensemble des acteurs intéressés : élus, administrations, industriels, experts, associations, etc. Le SPPPI encourage les entreprises à améliorer les technologies et les processus de production par le dialogue et l’information. La zone est équipée de réseaux automatiques et manuels de mesures afin de déclencher des procédures d’alerte, durant lesquelles les industriels doivent utiliser des combustibles moins soufrés. Le SPPPI, par le dialogue qu’il instaure localement, fait progresser les rapports de l’industrie au territoire.
La participation des transports s’accroît |
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En 1995, au moment de l’étude du Citepa, la contribution des transports à la pollution ne semblait pas plus alarmante que dans d’autres régions. Faute de données plus récentes, il est difficile de savoir si, aujourd’hui, les transports participent davantage à la pollution de l’air que par le passé. Un parc de véhicules moins important que la moyenne nationale 26, des véhicules plus récents, des conditions climatiques favorables avec peu de journées chaudes et ensoleillées sont des facteurs qui modèrent la pollution. Mais d’autres phénomènes jouent un rôle non négligeable. Ainsi, trajets courts et trajets longs concourent à l’accroissement du trafic. Le Nord - Pas-de-Calais, région transfrontalière à la population dense, combine un intense trafic urbain aux trafics international et régional de marchandises ou de passagers. L’accroissement des trajets courts, en raison de l’étalement urbain, augmente la dégradation de l’air dans les agglomérations. On constate d’ailleurs que les polluants liés aux transports sont en légère hausse dans les villes. C’est notamment le cas des émissions d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone et des composés organiques volatils, pour lesquels les seuils de qualité peuvent parfois être dépassés.
Dans l’agglomération lilloise, les émissions industrielles ne sont plus prédominantes et la part imputable aux transports est majoritaire. On y respire mieux mais on y respire encore mal. Avec un indice ATMO en moyenne de 3, l’air y est d’assez bonne qualité. Pourtant, à proximité des axes de circulation, des foyers de pollution persistent. Grâce aux progrès techniques, les voitures polluent moins individuellement, mais comme elles sont plus nombreuses, elles polluent plus collectivement. Face à ce paradoxe, les 87 communes de la communauté urbaine de Lille et quelques autres réfléchissent à l’élaboration d’un plan de protection de l’atmosphère. Ce plan proposera une vision à long terme de la protection de l’air, au-delà des dispositifs d’alerte. Basé sur l’information et la sensibilisation du public sur les risques et les enjeux de la pollution atmosphérique, il proposera, sous forme d’incitation, des mesures pour diminuer les rejets à la source, notamment en agissant sur le parc automobile. Il prévoit également d’intégrer des normes de rejets pour les principaux polluants à l’ensemble de la zone du PPA. Ce plan prolongera l’action du plan de déplacement urbain qui, dès juin 2000, s’est fixé comme objectif de réduire les nuisances liées aux transports. Le PDU prévoit de stabiliser le trafic automobile généré par les habitants et de doubler l’usage des transports en commun à l’horizon 2015. On constate une prise de conscience des acteurs locaux. Les plans de protection de l’atmosphère se multiplient dans la région, plusieurs sont en cours d’élaboration ou d’approbation ; outre celui de Lille, les villes de Dunkerque, Valenciennes, Lens-Béthune-Douai se sont également engagées dans cette démarche.
Une pollution domestique peu visible mais bien réelle |
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Compte tenu de la densité de population, les chauffages et l’élimination des déchets domestiques participent à la pollution de l’air. Les chauffages au fuel et au charbon, qui sont encore nombreux dans le bassin minier, contribuent directement à la pollution. Les chauffages électriques, quand l’électricité provient de centrales thermiques, et l’élimination des déchets domestiques 27, quand ceux-ci sont brûlés dans des incinérateurs, contribuent indirectement à la pollution de l’atmosphère. Ainsi, 22 % des émissions de dioxyde de carbone proviennent du secteur résidentiel, c’est-à-dire autant que le secteur de l’énergie. Dans les grandes villes de la région, le profil annuel du dioxyde de soufre met en évidence des variations saisonnières, avec diminution des teneurs en été et augmentation en hiver. Cette saisonnalité résulte de la superposition de la pollution de la combustion des véhicules à celle des centrales énergétiques et du chauffage domestique. Dans les zones d’habitat dense, la pollution domestique vient renforcer celle des transports, de l’industrie et du tertiaire. Une forte baisse des émissions de dioxyde de soufre
Air et santé |
Avec une surmortalité touchant surtout les actifs de plus de 35 ans, l’espérance de vie des habitants du Nord - Pas-de-Calais est inférieure à celle de la moyenne française. Bien évidemment, l’environnement ne peut être la seule cause incriminée, les modes de vie et les activités passées 28 ont aussi leur part de responsabilités. On constate une surmortalité des hommes par cancer des voies aéro-digestives et de l’œsophage. Le secteur du Calaisis 29 enregistre même un taux exceptionnel de cancer des voies aéro-digestives supérieures. D’après l’Observatoire régional de la santé 30, le cancer des bronches a augmenté de 20 % en dix ans. Ce type de cancer est plus fréquent dans les zones industrielles en France, et dans la région Nord - Pas-de-Calais en particulier. Même si le tabac en reste la principale cause, la pollution atmosphérique en facilite sans doute l’apparition 31.
En 2000, lors des états généraux de la santé, il est apparu que la demande sociale d’information sur le lien entre santé et environnement grandissait. Pour tenir compte de cette attente et face à l’ampleur des problèmes, le programme régional d’action santé environnement (Prase) a été lancé. Il s’est notamment fixé comme objectifs la lutte contre le saturnisme infantile lié à l’habitat ancien et à l’industrie ainsi que l’évaluation sanitaire à proximité des sols et des sites pollués.
Les rejets radioactifs |
La centrale nucléaire de Gravelines dispose d’une autorisation de rejets délivrée par les pouvoirs publics. Ces effluents gazeux sont composés de gaz rares (krypton, xénon), d’iode, de carbone 14 et de tritium. Certains effluents à vie courte perdent très vite leur radioactivité. En revanche, les autres, à vie longue, doivent subir différents traitements (filtration, absorption sur charbon actif) avant d’être stockés pour décroissance radioactive. Lorsque les niveaux d’activité sont bien en dessous des limites de rejets, les effluents sont évacués par une cheminée, à la sortie de laquelle est affecté, en permanence, un contrôle de la radioactivité rejetée.
Les activités halogènes et les aérosols rejetés |
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Pour les halogènes, y compris les iodes radioactifs, et les aérosols, l’activité rejetée en 2001 confirme la forte diminution amorcée depuis 1995, année des plus fortes émissions (mais qui restaient néanmoins dans la limite autorisée). En 2001, l’activité était de moins de 1 % de la limite réglementaire fixée à 110 Gbq par an pour le site. La forte diminution des rejets a commencé en 1996 et s’est pratiquement stabilisée depuis. Ce résultat s’explique par une recherche minutieuse des petites fuites.
Les activités tritium et les autres gaz |
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Les valeurs ont fortement diminué depuis 1987 et sont relativement stables depuis. Les résultats se situent à un bon niveau par rapport au parc des centrales nucléaires de même puissance. Il est de moins de 1 % de la limite annuelle réglementaire fixée à 3 400 Tbq par an pour le site.
Notes
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22 - Comme à Lille. 23 - Source : Citepa, 1995. 24 - La part de Dunkerque dans les émissions régionales était de 34 % pour le SO2, 15 % pour les NOx, 8 % pour les COVNM, 49 % pour le CO, 34 % pour le CO2. 25 - La population de Dunkerque étant inférieure à 250 000 habitants, la mise en place d’un plan de protection de l’atmosphère n’était pas obligatoire. 26 - Le parc de véhicules s’élève à 6 % du parc national alors que la région représente 6,8 % de la population française (Insee, août 1999. « Des voitures et des hommes », Les Dossiers de Profils, n° 8, 4 p.). 27 - La production de déchets est estimée à 576 kg par an et par habitant. 28 - Du passé minier pour la silicose et du passé industriel pour l’amiante. 29 - Actes des premières assises « Santé et environnement en Nord - Pas-de-Calais », 1996. 30 - Observatoire régional de la santé, 1997. Santé et environnement dans la région Nord - Pas-de-Calais. 31 - idem.
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