Biodiversité

Milieux et habitats

Dernier ajout : 1er juin 2016.

La Picardie abrite des milieux naturels très diversifiés, issus de ses spécificités géomorphologiques (massifs boisés, bocages, pelouses calcaires, landes, zones humides, grandes vallées, marais, tourbières, milieux littoraux et marins) et de grande valeur patrimoniale.

Responsabilité majeure pour la Picardie

Le territoire de Picardie a une responsabilité patrimoniale particulièrement forte pour certains milieux, habitats ou espèces qu’il abrite et qui sont rares ou menacés à l’échelle nationale voire européenne ou en limite d’aire de répartition [1].

Les marais tourbeux de Picardie constituent, avec la variété du littoral picard, les éléments du patrimoine naturel les plus exceptionnels et l’enjeu de conservation (et de développement éco-touristique) le plus fort, pour lesquels la Picardie a une responsabilité particulièrement élevée, ces éléments étant manifestement uniques en France et contribuant fortement à l’identité picarde, selon la stratégie régionale 2008.

Elles représentent 20 à 25 000 ha dans les vallées de la Somme, de la basse Authie et de l’Avre, les marais de Sacy et de la Souche, les marais arrière littoraux…

Elles abritent des formes de mosaïques diversifiées exceptionnelles. L’installation de végétations acidiphiles (sphaignes) sur les tremblants est tout à fait originale dans un contexte de plaine sur craie.

Avifaune : Butor étoilé, Blongios nain, Busard des roseaux, Gorgebleue à miroir blanc…

Odonates : les marais tourbeux de la Souche abritent de très importantes populations d’espèces liées aux étangs tourbeux, dont les rares Leucorrhine à gros thorax et Leucorrhine à large queue.

Les populations d’anguille sont en forte régression dans la Somme de même que des espèces piscicoles patrimoniales comme la Bouvière ou L’Ombre commun.

Flore : les tourbières alcalines de Picardie comptent parmi les plus importantes populations nationales de Souchet jaunâtre, cypéracée des tourbes alcalines nues, de Dryoptéride à crêtes, de Renoncule Grande Douve, de Dactylorhize négligé…

Bien que relativement restreint, le littoral picard est très diversifié et riche : habitats naturels, flore, avifaune, batraciens, mammifères marins (Phoque veau-marin, Phoque gris).

Sur le littoral, les végétations de falaises à Chou sauvage sont très remarquables, tout comme les végétations à Chou marin des galets du Hourdel.

En arrière des dunes, les dépressions, encore appelées « pannes » présentent une végétation principalement en Picardie et dans le Nord Pas de Calais. On y trouve notamment la Laîche à trois nervures, le Liparis de Loesell, la Pensée de Curtis (espèce du Nord de l’Europe)…

Avifaune : l’enjeu international (convention de Ramsar) se situe sur les zones humides. Plus de 200 espèces migratrices y font halte, présence de nombreuses espèces nicheuses ou hivernantes comme le Tadorne de belon, l’Avocette élégante…

Autres secteurs de responsabilité régionale

Les autres éléments du patrimoine naturel de Picardie présentent également des enjeux de conservation et de développement très élevés, mais sont des types de milieux que l’on retrouve ailleurs en France et dans les pays voisins, où ils sont parfois plus étendus.

C’est une des dix zones humides alluviales majeures de France, en particulier par ses étendues exceptionnelles de prairies inondables (environ 6 000 ha de Thourotte à Hirson), mais aussi :

  • une zone majeure en France pour le Râle des genêts (et d’autres espèces dans une moindre mesure : Pie-grièche écorcheur, Courlis cendré, Tarier des prés) et la flore des prairies inondables de fauche (Silaüs des prés, Véronique à écussons, Stellaire des marais, Séneçon aquatique),
  • des populations importantes à l’échelle européenne de Cuivré des marais (papillon des prairies humides),
  • une des seules vallées du nord de la France qui recèle une population naturelle de Brochets.

Ces corridors écologiques sont partagés avec la Haute-Normandie et le Nord Pas-de-Calais, avec des prairies inondables, une faune et une flore caractéristiques : ils figurent parmi les rares cours d’eau fréquentés par le Saumon atlantique entre la Seine et le Danemark (ils accueillent aussi des Truites de mer).

Ce réseau de 5 000 ha de pelouses calcicoles (dont les 3 000 ha de Sissonne), est très patrimonial, en particulier celles sur sables calcaires du bassin parisien (Laonnois, Soissonnais, Tardenois, Valois, Clermontois, Vexin) pour leurs habitats (très rares et menacés à l’échelle européenne), leur flore, entomofaune (lépidoptères et orthoptères surtout) et herpétofaune (reptiles). Elles présentent une flore steppique en limite d’aire de répartition. Certains types (pelouse à Laîche humble et Fumana couché) ne sont plus représentés que dans quelques localités sur des surfaces exiguës. Développées également sur des substrats crayeux, ils constituent des milieux en forte régression suite à l’abandon des pratiques agro-pastorales ancestrales.

Flore : L’essentiel des populations d’Anémone sauvage de France, sur les ourlets calcicoles. Une grande partie des populations nationales et européennes de Sisymbre couché sur les éboulis crayeux, en lien avec celles de Champagne-Ardenne.

Papillons : des populations importantes à l’échelle européenne de Damier de la Succise, Azuré de la Gentiane croisette, Bel Argus…

Notoires pour l’avifaune, les mammifères, les coléoptères saproxyliques (se nourrissant de bois mort et des espèces associées au bois mort), les forêts, bien qu’encore imparfaitement connues du point de vue des habitats naturels, offrent également des milieux naturels originaux. Par exemple la Hêtraie à Jacinthe, encore bien développée sous influences atlantiques, disparaît sur ses marges orientales plus continentales. Les forêts de ravin du Ponthieu, du Doullennais et du Soissonnais, de par les fougères qu’elles abritent et l’ambiance insolite qu’elles créent, offrent de véritables impressions de naturalité.

Elles présentent des populations importantes aux échelles nationale et nord-ouest européenne pour des chauves-souris dont le Petit Rhinolophe, le Grand Murin…, pour le Cerf élaphe, le chat sauvage…

Le peuplement remarquable de coléoptères des Beaux Monts en Forêt de Compiègne comprend notamment : le Grand Capricorne du chêne, le Pique-prune, le Taupin violacé. Il s’agit d’une des très rares parcelles de vieille forêt du nord-ouest de la France.

Elles abritent les seules populations françaises de la Laîche de Reichenbach, essentiellement en forêts domaniales sableuses.

Héritées du pâturage en forêt (environ 500 ha dans le sud de l’Oise et de l’Aisne), ces landes sèches constituent des paysages typiques et esthétiques, en forte régression. De nombreuses espèces animales remarquables y sont associées comme l’Engoulevent d’Europe. Localement les landes à Genévrier sur sables acides, d’affinité continentale sont très originales à l’échelle nationale.

Secondairement autour des villages de l’ouest picard (Vimeu, Ponthieu, Plaine maritime picarde, Oise normande…), ils abritent des réseaux de centaines de mares et des milliers d’hectares de prairies mésophiles ou humides bordées de haies et bosquets. L’enjeu de préservation des surfaces en herbe utilisées par l’élevage (seulement 10 % du territoire régional) est crucial pour la biodiversité et la qualité paysagère sur l’ensemble de la Picardie.

On y trouve des cours d’eau de 1ère catégorie où évoluent des espèces piscicoles patrimoniales comme la Loche épineuse, le Chabot…

En limite des influences atlantiques et continentales, le relief des buttes accentuent également des influences montagnardes et méditerranéennes, ces collines abritent la plus forte diversité botanique connue entre la Normandie et le Rhin et une grande richesse entomologique.

Autres enjeux patrimoniaux locaux

De nombreux autres milieux concourent à la richesse patrimoniale de la région, en particulier les tourbières acides, les forêts alluviales, habitats des cours d’eau… Mais ces milieux, en général mieux représentés dans les régions et pays périphériques, ne constituent pas, pour la Picardie, des ensembles écologiques d’intérêt patrimonial aussi élevé.

Les cours d’eau accueillent plusieurs espèces patrimoniales de poissons : Lamproie de Planer, Chabot, Saumon atlantique… L’Ecrevisse à pattes blanches possède une écologie plus large. La Bouvière fréquente les plans d’eau ou les cours d’eau lents.

Par ailleurs, de nombreuses espèces à valeur patrimoniale subsistent dans les éléments du paysage plus ordinaire : vergers traditionnels, bords de route, talus, ripisylves, segments de haies, lisières, certaines carrières… Bien que d’origine humaines, les cavités à chauve-souris permettent l’hibernation de nombreuses espèces patrimoniales : Grand murin, Petit et Grand rhinolophes, Vespertilion de Bechstein, Vespertilion à oreilles échancrées.

[1stratégie régionale pour le patrimoine naturel de Picardie, région Picardie, 2008