Inventaire des ZNIEFF terrestres


Actualités

Une méthode ZNIEFF Hauts-de-France !

Basée sur le cadre national, cette méthode issue d’un travail collectif le complète et l’adapte aux spécificités régionales. Le CSRPN a validée en juillet 2023 une première version centrée sur les milieux terrestres. En savoir plus

40 ans d’inventaire ZNIEFF !
À cette occasion un colloque national est organisé le 30 novembre et 1er décembre 2022 au Muséum national d’Histoire naturelle. Les vidéos sont disponible ici.
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Lancé en 1982 par le ministère de l’environnement, l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) a pour objectif d’identifier, de localiser et de décrire les espaces d’intérêt écologique majeur du patrimoine naturel, afin de le faire connaître et de faciliter leur prise en compte dans l’aménagement et le développement des territoires. Outil de partage des connaissances sur les habitats, la faune, la flore et la fonge, il repose sur une méthode scientifique rigoureuse et objective.


Généralités sur l’inventaire

Une ZNIEFF est :

  • une zone d’intérêt écologique, participant au maintien des grands équilibres naturels ;
  • une zone se singularisant par la richesse ou la spécificité de sa faune, sa flore ou ses milieux dits « habitats naturels » rares et/ou caractéristiques du patrimoine naturel régional.

Il existe deux sortes de ZNIEFF :

  • Les ZNIEFF de type I sont composées d’unités écologiques homogènes de haute valeur biologique et représentent des zones particulièrement sensibles écologiquement. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces ou d’habitats naturels rares, remarquables ou typiques du patrimoine naturel régional, qualifiés de « déterminants ». D’une superficie généralement limitée, elles sont souvent incluses dans une ZNIEFF de type II plus vaste.
  • Les ZNIEFF de type II forment de grands ensembles naturels, riches, peu modifiés par l’homme ou offrant des potentialités biologiques importantes. Il peut s’agir de grandes unités écologiques (massif forestier, vallée, lagune, bassins versants, ensemble de zones humides …) ou de territoire d’espèces à grand rayon d’action. Les ZNIEFF de type II renferment généralement une ou plusieurs ZNIEFF de type I.

Les ZNIEFF sont issues du croisement et de l’interprétation d’informations élémentaires pour aboutir à une délimitation précise, scientifique et écologique. Cette délimitation s’appuie notamment sur des :

  • Intérêts patrimoniaux  : la délimitation d’une ZNIEFF est justifiée par la présence d’un ou plusieurs éléments (habitats ou espèces) dits « déterminants » ;
  • Intérêts fonctionnels : une ZNIEFF peut assurer un rôle important dans le fonctionnement des milieux naturels, comme la régulation ou l’épuration des eaux, la protection des sols (érosion), des ressources naturelles, ou encore comme habitats pour les populations animales ou végétales (corridor écologique, zone d’alimentation, zone de reproduction…) ;
  • Intérêts complémentaires : outre ses qualités biologiques et écologiques, une ZNIEFF peut être remarquable par son paysage, son patrimoine géologique, archéologique, historique ou pédagogique notamment.

Un guide méthodologique national (Horellou et al. 2014) fixe les grands principes généraux à respecter, laissant aux régions le soin d’adapter cette méthode en fonction notamment de leurs caractéristiques.

L’objectif premier des listes déterminantes est de « mener à l’identification de secteurs d’intérêt patrimonial pour lesquels la région possède une responsabilité face à leur conservation » (Horellou et al. 2014). Ces listes « outil » sont révisées régulièrement.

Ces listes établies régionalement se basent sur trois critères principaux :

  • la responsabilité régionale et/ou nationale (pourcentage de la population d’une espèce présente dans la région et endémisme, aire de répartition et spécificité des habitats naturels),
  • la rareté et/ou l’originalité,
  • la sensibilité.

Une espèce figurant sur la liste « outils » n’est pas forcement déterminante sur une zone donnée, outre des critères (effectifs, habitats particuliers, tout ou partie du territoire régional… ; « espèces déterminantes à critère » définis lors de l’établissement de la liste, c’est bien la prise en compte du contexte écologique de l’espèce qui détermine l’attribution ou non de ce statut sur une zone donnée. En effet elle doit notamment :

  • effectuer tout ou partie de son cycle biologique (reproduction, alimentation, hivernage à fonction métaboliques ralenties) pour les ZNIEFF de type I ;
  • jouer un rôle écologique pour les ZNIEFF de type II.

Chaque ZNIEFF intègre une analyse du site lui-même et de son contexte environnant (Horellou et al. 2017) :

  • Les intérêts patrimoniaux, fonctionnels/ écologiques ou complémentaires ;
  • La géomorphologie du site ;
  • Les critères de délimitations utilisés ;
  • Les liaisons spécifiques entre certains habitats et certaines espèces ;
  • Les relations écologiques existantes avec d’autres ZNIEFF (entre ZNIEFF de type I et II ou liens fonctionnels et écologiques entre ZNIEFF du même type) ;
  • Une auto-évaluation sur l’effort de prospection mené pour les différents groupes taxonomiques et pour les habitats ;
  • Les facteurs d’évolution réels ou supposés, naturels ou liés aux pratiques humaines ;

Un premier recensement de ZNIEFF a été mené sur la période 1982-1995. Il émerge d’une volonté d’établir une synthèse nationale des secteurs ou zones de plus grand intérêt biologique. Suite aux enseignements et aux limites de ce premier inventaire, l’État a lancé en 1997 une modernisation de l’inventaire aboutissant aux ZNIEFF de seconde génération. Ce passage a notamment été l’occasion d’harmoniser les méthodes de travail pour une cohérence nationale (Elissalde-Videment et al. 2004) et de consolider la prise en compte des habitats naturels en lien notamment avec la Directive européenne 92/43/CEE. Cet inventaire de seconde génération :

  • vise une justification scientifique plus rigoureuse de l’identification de chaque zone et de son contour en mentionnant notamment les éléments patrimoniaux à l’origine du zonage ;
  • standardise l’information permettant une plus large utilisation de l’inventaire (recours à des listes d’espèces et d’habitats déterminants pré-établis régionalement et validés par le CSRPN) ;
  • se fonde sur des règles strictes de relations géographiques entre ZNIEFF de type I et de type II ;
  • bénéficie d’un changement d’échelle avec un passage du 1/100 000 au 1/25 000 ;
  • repose sur un travail en réseaux des acteurs de la nature ;
  • vise une transparence quant à son élaboration, sa validation et la diffusion des données.

Les ZNIEFF de seconde génération bénéficient :

  • de l’évolution des connaissances régionales sur la répartition de la faune, la flore et des habitats permettant l’intégration d’un plus grand nombre de groupes taxonomiques comme les amphibiens, les reptiles, les poissons et certains insectes notamment ;
  • des progrès des connaissances scientifiques en écologie ;
  • d’outils techniques d’exploitation des données (bases de données et Système d’Information Géographique).

Suite à cette deuxième génération et à partir de 2013, l’inventaire évolue vers une actualisation permanente et continue afin de garantir sa rigueur et sa fiabilité tout en tenant compte des évolutions possibles de l’intérêt patrimonial des zones. Ainsi une mise à jour régulière de l’information sur les zones existantes (mise à jour des données, amendements des fiches, modification des périmètres ou suppression) vise à vérifier la pérennité des enjeux identifiés. La description de nouvelles zones est également prévue en lien avec l’amélioration des connaissances.

Les ZNIEFF représentent un outil de connaissance scientifique des milieux, de la faune et de la flore et un outil d’alerte sur les enjeux du patrimoine naturel. Cet inventaire constitue ainsi un document de référence et d’aide à la décision en matière d’aménagement.

Cet inventaire n’a pas, en lui-même, de portée juridique directe et ne constitue donc pas en tant que tel un instrument de protection réglementaire d’espaces naturels. Il n’est pas opposable aux tiers. En revanche, ces zonages doivent être pris en compte notamment dans les documents d’urbanisme ainsi que dans les études d’impact. Par ailleurs, l’inventaire ZNIEFF ne pouvant prétendre à l’exhaustivité, il ne constitue pas un outil suffisant pour l’analyse des impacts des projets. Il démontre seulement la présence de secteurs écologiques à forts enjeux, requérant une attention et des études plus approfondies.

Un espace inventorié en ZNIEFF ne bénéficie d’aucune protection spécifique, mais l’existence d’une ZNIEFF peut être invoquée pour fonder l’interdiction d’un aménagement ou la légalité d’un acte administratif, soit en raison de la qualité du milieu naturel décrit, soit parce que la ZNIEFF recèle des espèces protégées. Dans ce cas, ce n’est pas la ZNIEFF qui fonde l’interdiction, mais l’intérêt du milieu naturel et/ou la présence d’espèces protégées (exemple de prise en compte par la jurisprudence : Clap 2005 ; Perez 2012 ; Recorbet 2012 ; Wizniak 2012).

La loi du 2 février 2002 relative à la démocratie de proximité apporte un cadre légal aux ZNIEFF, réaffirmé par la loi de 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité. L’inventaire ZNIEFF s’inscrit dans l’article L 411-1 A du code de l’environnement qui prévoit un inventaire du patrimoine naturel incluant les richesses écologiques, faunistiques, floristiques, géologiques, pédologiques, minéralogiques et paléontologiques pour l’ensemble du territoire national terrestre, fluvial et marin.

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Figure 1 : Fondement législatif des ZNIEFF

L’État assure la conception, l’animation et l’évaluation de l’inventaire ZNIEFF sous la responsabilité scientifique du MNHN qui en assure en outre la validation et la diffusion nationale. Coordonné dans chaque région par la Direction Régionale de l’Écologie, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), l’inventaire repose sur un cadre méthodologique national afin d’en garantir sa cohérence scientifique. Cette méthodologie est déclinée régionalement reconnaissant ainsi les spécificités territoriales. Les Conseils Scientifiques Régionaux du Patrimoine Naturel (CSRPN), créés en 1992 dans ce cadre constituent les garants scientifiques de celle-ci. Ils valident les listes régionales d’espèces et d’habitats déterminants, les méthodes d’évaluation de la pertinence des zones, de leur délimitation ainsi que l’inventaire lui-même (données et périmètres). Outre le CSRPN, les DREAL peuvent s’appuyer sur un secrétariat scientifique et bénéficie de la contribution de la communauté scientifique et naturaliste régionale, qui apporte ses connaissances et son expertise.

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Figure 2 : Les acteurs et les étapes de l’inventaire ZNIEFF en Hauts-de-France


Les ZNIEFF en Hauts-de-France

État des Lieux

La région Hauts-de-France compte 850 ZNIEFF de type I et 52 ZNIEFF de type II.
Les ZNIEEF de type I et de type II recouvrent ainsi environ 17 % et 18,5 % du territoire régional respectivement. Au total, sans double compte, c’est environ 28 % du territoire en ZNIEFF.

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Figure 3 : Cartographie des ZNIEFF de type I et II en Hauts-de-France


Liste d’espèces et d’habitats déterminants

Les listes d’éléments déterminants pour la fonge et la faune sont encore basées sur les deux anciennes régions administratives pour la faune et la fonge. Cependant, compte tenu de son ancienneté (Tableau 1) la liste picarde des espèces déterminantes faune a été mise à jour et validée en CSRPN en juillet 2019.
A l’échelle des Hauts-de-France, le Conservatoire botanique national (CBN) de Bailleul a élaboré :

  • une liste d’espèces déterminantes pour la flore vasculaire et les bryophytes validée en 2019 par le CSRPN ;
  • une liste d’habitats naturels déterminants validée en 2023 par le CSRPN.
Méthode d’élaboration des listes d’espèces et d’habitats déterminants

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ListeNord - Pas-de-CalaisPicardieHauts-de-France
Habitats 2013 Absente 2023
Bryophytes 2014 2001 2019
Flore vasculaire 2014 2001 2019
Fonge 2005 Absente Absente
Faune 2014 - 2015 2019 - amendée en 2020 Absente

Actualisation continue

L’actualisation continue de l’inventaire des ZNIEFF a débuté en 2015 en Nord-Pas-de-Calais et 2017 en Picardie. Les ZNIEFF prospectées l’année N sont proposées à la validation du CSRPN l’année N+1 puis à la validation nationale. Cette actualisation vise à vérifier la pérennité des enjeux identifiés lors de l’inscription de la zone à l’inventaire. Elle permet de mettre à jour les données d’espèces et d’habitats présents sur la zone, de vérifier la pertinence du périmètre et d’amender les fiches descriptives des ZNIEFF. Ainsi des zones peuvent être étendues, réduites voire désinscrites de l’inventaire. L’inscription de nouvelles zones est également prévue en lien avec l’amélioration des connaissances.

L’inventaire n’est malheureusement pas exhaustif, aussi toute proposition de nouveau site est la bienvenue et sera analysée avec attention :

Une méthode régionale

Afin d’assurer la cohérence et la rigueur de l’inventaire des ZNIEFF en Hauts-de-France, une méthode régionale à été établie. Se fondant sur le cadre national, elle le complète et l’adapte aux spécificités régionales. Elle vise ainsi à définir un cadre régional de délimitation des ZNIEFF, qu’il s’agisse d’ajustements dans le cadre de l’actualisation des zones existantes ou de la création de nouvelles zones. Elle résulte d’un travail collectif entre la DREAL, le CEN, les référents du CSRPN sur l’inventaire et les principaux partenaires naturalistes du projet : CBN de Bailleul, GON et Picardie Nature.
Soumise à la validation du CSRPN, cette première version centrée sur les milieux terrestres sera complétée par une partie sur les milieux aquatiques. Elle a par ailleurs vocation à être mise à jour en fonction des évolutions du cadre national et des connaissances.

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Avis du CSRPN concernant l’inventaire ZNIEFF en Hauts-de-France


Accès vers les fiches ZNIEFF

 Pour le Nord - Pas-de-Calais
 Pour la Picardie


Pour en savoir plus

 Affiche inventaire ZNIEFF - Assises Nationales de la Biodiversité - Valenciennes - juin 2018
 Affiche inventaire des ZNIEFF continentales en Hauts-de-France - novembre 2019
 Inventaire ZNIEFF sur le site de l’INPN
 Documentation ZNIEFF sur le site de l’INPN
 Livre des résumés du colloque des 30 ans d’inventaire ZNIEFF (2012)


Contact DREAL Hauts-de-France : Valérie RAEVEL


Clap F. 2005. — Le juge et les ZNIEFF. Analyse multicritère de la jurisprudence 20 ans après. NATURAE, CENLR, DIREN, Montpellier, 134 p.
Elissalde-Videment L., Horellou A., Humbert G., Moret J., 2004.- Guide méthodologique sur la modernisation de l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique. Mise à jour 2004. Coll. Patrimoines Naturels . Muséum National d’Histoire Naturelle. Paris - 73 pages.
Horellou A., Dore A., Herard K. et Siblet J.-P., 2014 – Guide méthodologique pour l’inventaire en continu des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) en milieu continental. MNHN-SPN. 110 p.
Horellou A., Herard K. & Siblet J.-P. 2017. — Les Zones naturelles d’Intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) : de l’inventaire à l’expertise. Naturae 12 : 1-11.
Perez M. 2012. - Utilisation de l’inventaire ZNIEFF pour la protection des espaces. Colloque « ZNIEFF, 30 ans d’inventaire, l’histoire d’une réussite », Podcast du mercredi 28 Novembre 2012.
Recorbet B. 2012. - ZNIEFF et Loi littorale : cohérence des politiques publiques. L’exemple de la Corse. Résumés des interventions du Colloque « ZNIEFF, 30 ans d’inventaire, l’histoire d’une réussite », avant-propos 1 : 121.
Wizniak J. 2012. - L’usage des ZNIEFF au contentieux administratif. Colloque « ZNIEFF, 30 ans d’inventaire, l’histoire d’une réussite », podcast du mercredi 28 Novembre 2012.

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