Les enjeux liés au milieu marin concernent à la fois la qualité de l’eau, la biodiversité marine, et les usages associés (baignade, pêche (professionnelle ou de plaisance), etc.).
De ce fait, l’ensemble de ces enjeux et des paramètres associés est présenté dans ce chapitre.

Enjeu 1 : restauration du bon état écologique du milieu marin

Dernier ajout : 3 mai 2017.

Mer1
L’atteinte du bon état écologique et chimique des eaux marines est un enjeu pour assurer un bon fonctionnement des écosystèmes, préserver la biodiversité marine et satisfaire les usages.

1. La qualité des eaux marines et estuariennes conditionne le bon fonctionnement écologique du milieu, les activités balnéaires, la conchyliculture et la pêche.
La carte ci-contre rappelle :
 La mauvaise qualité écologique des eaux côtières notamment due au phénomène d’eutrophisation qui entraîne l’apparition de bloom phytoplanctonique le long de la côte ;
 La pollution chimique (méthylmercure et tributylétain) localisée dans certains bassins portuaires à surveiller ;
 Les zones de productions conchylicoles et leur classement sanitaire entraînent une obligation de traitement des coquillages avant leur commercialisation. Le paramètre déclassant est la quantité d’E. Coli (bactérie fécale).

À relever tout de même, l’amélioration de la qualité sanitaire des eaux de baignade globalement bonne le long du littoral Nord Pas-de-Calais.

La carte présente également les zones d’immersion de sédiments issus des dragages des 3 grands ports, susceptibles de recevoir des pollutions et des dégradations de milieux (colmatage, asphyxie, modification de la turbidité et des sédiments).

2. La préservation de la biodiversité marine
Notre milieu marin présente des écosystèmes remarquables accueillant des espèces spécifiques :
 Les ridens rocheux au large de Boulogne sur Mer, seul haut-fond rocheux de la Manche orientale qui constitue un hot-spot de biodiversité ;
 Les dunes hydrauliques, structure mobile caractéristique en Manche et en mer du Nord ;
 Les larges estrans et les estuaires qui constituent des zones d’alimentation pour les oiseaux à marée basse et les poissons plats à marée haute ;
 Les falaises rocheuses des Caps.

Selon l’avis d’experts et au vu de la connaissance scientifique sur le sujet, l’état de conservation des habitats marins et côtiers d’intérêt communautaire à l’échelle Manche – Atlantique a été jugé défavorable à mauvais. Cela est dû essentiellement à des régressions d’aires de répartition et aussi aux diminutions de surfaces et à la dégradation de leur fonctionnement. Cette évaluation à une large échelle ne présage pas de l’état de conservation à une échelle plus locale.

Marges de progrès

 1.1 - Diminution des flux de polluants et nutriments rejetés en mer via les fleuves ou par ruissellement et déversement à partir des zones côtières (cf. enjeu Esu1).
Quelques chiffres clés :
20 000 tonnes/an de nitrates, 40 tonnes/an de cuivre, 237 tonnes/an de zinc, entre 11,6 et 19,4 tonnes/an de plomb sont apportés par les fleuves pour la sous région maritime Manche mer du Nord en 2009, les apports de la Seine représentant environ 50 % des flux.

 1.2 - Diminution des sources de pollutions liées aux activités maritimes
Les rejets des bateaux en mer peuvent être volontaires ou accidentels du fait de collisions, d’avaries, d’échouages, de chute de conteneurs ou de pertes de filets, de cordes et de lignes.
Les ports disposent d’installations permettant de traiter ces déchets. Cependant d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement, environ 3 000 déversements majeurs ont lieu tous les ans dans les eaux européennes où transite une part du transport maritime. Cela pourrait représenter entre 15 000 et 60 000 tonnes en mer du Nord.

 2.1 - Diminution du colmatage et de l’étouffement des fonds
Volume autorisé de dragage d’entretien et d’ immersion des produits de dragage par port :

    • Boulogne-sur-Mer : 530 000 m3/an ;
    • Calais : 330 000 m3/an d’entretien courant, 7 000 000 m3 de dragage et 800 000 m3 d’immersion pour le projet Port Calais 2015 ;
    • Grand Port Maritime de Dunkerque (GPMD) : 6 500 000 m3/an d’entretien courant, 7 250 000 m3 de dragage maximal pour le terminal méthanier et 1 200 00 0m3 pour la digue des alliés.

 2.2 - Diminution de l’abrasion des fonds
La pêche aux arts traînants impacte les fonds jusqu’à quelques dizaines de centimètres dans les fonds meubles. Les dragages effectués au droit des chenaux de navigation et des ports sont également sources d’abrasion.

 2.3 - Maîtrise de l’artificialisation de la zone littorale
Le taux d’artificialisation des communes littorales est de 30,6 % en région, soit deux fois plus que la moyenne régionale. Par comparaison, les littoraux Haut-Normand et PACA sont artificialisés respectivement à 24,8 % et 22,6 %.

 3.1 - Diminution des rejets directs en mer
L’indicateur Eco QO [1] mesurant les particules de matière plastique dans l’estomac des oiseaux de mer permet d’estimer le niveau de pollution : l’échantillonage de 50 à 100 fulmars échoués sur les plages de Manche et de la mer du Nord pendant au moins cinq ans devrait comporter moins de 10 % de fulmars boréaux dont l’estomac contient plus de 0,1 g de particules de matière plastique. Les résultats sont bien supérieurs comme le montre le graphique ci-contre.

 3.2 - Diminution des flux de déchets continentaux
De très nombreux déchets abandonnés sur les continents finissent à plus ou moins long terme en mer. Au niveau mondial, on estime que 80 % des déchets en mer proviendraient des bassins versants continentaux [2].

En 2013, le rapport sur l’état de conservation des Habitats d’intérêt communautaire marins (Museum National d’Histoire Naturelle) couvrant la période 2007-2012 indique que les habitats marins d’intérêt communautaire présents en Manche mer du Nord sont en état de conservation défavorable.

En 2013, 29 % des stocks de poissons dans les eaux Manche-Atlantique sont considérés comme exploités à l’intérieur des limites biologiques (églefin, plie en mer du Nord), en augmentation depuis 2009 (cf. description des pressions). 21 % des stocks sont toujours considérés comme surexploités (morue, sole en Manche Est et mer du Nord, plie en Manche Est). La situation reste cependant inconnue pour la moitié des stocks.

Répartition temporelle et spatiale de sons impulsifs haute, moyenne et basse fréquences.

L’aquaculture constitue une source historique d’introduction et de dissémination d’espèces non indigènes (29 % en Manche mer du Nord). Le transport maritime contribue quant à lui à 21 % des introductions d’espèces.

Il est notamment important de mieux connaître l’état de conservation des habitats et des espèces et de mieux mesurer les impacts liés aux différentes pressions des activités. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM), un programme de surveillance des eaux marines et un plan d’acquisition de connaissances sont en cours de définition.

[1OSPAR

[2Faris et Hart, Seas of Debris

Qualités des eaux marines

Sources : IFREMER, AEAP, ARS (2013)

Le Phoque veau-marin, habitant de la région

Source : OCEAMM

À noter l’existence de 6 sites Natura 2000 en mer,
la création du Parc National Marin des estuaires Picards
et de la Mer d’Opale en 2012 et la création de 4 ZNIEFFS marines.

Des déchets mortels pour les fulmars

Les fulmars sont des oiseaux marins grégaires, nichant en grandes colonies sur des falaises rocheuses.