Corridors biologiques

(Rechercher les zonages du patrimoine naturel et paysager par commune)

Préambule

Une des caractéristiques majeures du patrimoine naturel remarquable de Picardie est d’être réparti sur de nombreux sites de taille souvent réduite , sites insérés dans une matrice de nature plus ordinaire. Dans ce contexte, les connexions biologiques entre les sites et la gestion de la matrice environnante sont d’autant plus importantes pour le devenir des populations d’espèces et les habitats remarquables abrités par les sites. Le développement de sites préservés plus ou moins proches ou éloignés les uns des autres, conduit à envisager leur gestion au sein de réseaux d’espaces naturels .

L’érosion accélérée de la biodiversité depuis plusieurs décennies et même au-delà (une plante sauvage disparaît de Picardie chaque année depuis 200 ans) ne faiblit pas. En effet, l’action du réseau d’acteurs de la gestion des milieux naturels de la région est bien évidemment cruciale. Par exemple dans la Somme, 60 % des espèces végétales menacées du département ont au moins une station préservée par le réseau départemental de gestionnaires de sites « actifs » (SMACOPI, ONF, CPIE, CSNP… ; CBNL, 2005). Pour autant, cette action ne suffit pas à contrer les tendances lourdes de dégradation de nos milieux naturels. Les actions de préservation des réseaux de milieux naturels « remarquables » où se concentrent l’essentiel des espèces et habitats menacés sont bien entendu toujours aussi prioritaires et urgentes. Toutefois, les actions de préservation des corridors de « nature plus ordinaire » qui les relient, sont aussi essentielles et deviennent également urgentes . La collaboration avec tous les acteurs du monde rural (éleveurs, cultivateurs, forestiers, propriétaires, chasseurs, pêcheurs, élus locaux, administrations, associations naturalistes et de protection de la nature, entreprises d’exploitations de matériaux…) apparaît déjà importante en Picardie. Elle nécessite toutefois d’être davantage renforcée et amplifiée, dans une logique de partenariats aux bénéfices réciproques d’intérêt général.

L’Etat et la Région Picardie se sont engagés dans cette réflexion suite aux travaux menés dans le cadre de l’évaluation de l’article 52 du Contrat de Plan Etat- Région (Docup 2000-2006) qui ont conclu en décembre 2002 en la nécessité de renforcer le réseau de sites déjà gérés ainsi que sur l’importance de mettre les différents acteurs de la gestion des espaces naturels en réseau.

Ce travail d’identification de corridors biologiques a été conduit sous la maîtrise d’ouvrage du Conservatoire des sites naturels de Picardie et réalisé en association avec l’Université Picardie Jules Verne, le Conservatoire National Botanique de Bailleul, Picardie-Nature et les Chambres d’agriculture de Picardie .

Ce projet a bénéficié de l’appui financier du Conseil Régional de Picardie, de la Direction Régionale de l’Environnement de Picardie et du FEDER .

Objectifs de cette étude

L’objectif était de proposer un réseau fonctionnel de sites à l’échelle des trois départements de la Région Picardie qui prenne en compte le fonctionnement des populations d’espèces d’enjeu patrimonial, les connexions entre les sites et la matrice qui les environne.

On entend par réseau fonctionnel l’ensemble des sites abritant les espèces et les habitats pour la préservation desquels la Picardie a une responsabilité de conservation, sites reliés entre eux par des connexions biologiques existantes ou à restaurer. Ce réseau n’a pas vocation à se substituer aux schémas départementaux ENS ni aux inventaires ZNIEFF ou aux protections réglementaires et contractuelles (Réserves Naturelles, Natura 2000…).

Il s’agit d’une référence scientifique complémentaire devant permettre de répondre aux préoccupations suivantes :

  • Orienter les politiques de protection de la nature et d’aménagement du territoire,
  • Aider l’Etat et les collectivités territoriales à effectuer les diagnostics de territoire dans le cadre des documents de planifications ( SCOT, PLU, Schéma départementaux et régionaux …),
  • Aider les porteurs de projet d’aménagements, nécessitant ou non des études d’impacts ou d’incidences , afin de mieux analyser les enjeux existants et identifier les mesures de réductions ou de compensation d’impacts .
  • Guider les interventions des acteurs/opérateurs de la protection de la nature et de la gestion des territoires.
  • Compléter l’information destinée aux élus locaux en insistant sur les possibilités d’intégration de la gestion du patrimoine naturel à des dynamiques locales et territoriales.

Limites de l’étude

Le travail présenté identifie des corridors "potentiels". Certains d’entre eux ont toutefois déjà été clairement identifiés. Quoi qu’il en soit, il apparaît nécessaire d’étudier plus précisément au cas par cas l’existence et la fonctionnalité de ces corridors.

Ce travail n’a pas pu être exhaustif pour tous les groupes vivants et il a été élaboré au vu des connaissances actuelles. L’absence de corridor écologique identifié sur un territoire ne signifie donc pas forcément qu’il n’en existe pas.

Enfin, la présente étude n’a pas porté sur la grande faune car ce travail avait déjà été réalisé en partie par l’association multidisciplinaire des biologistes de l’environnement (AMBE) en 1993. Ces biocorridors "grande faune" sont disponibles sur le site de la DIREN Picardie en effectuant une recherche par commune.

Portée juridique

L’identification des corridors écologiques potentiels de Picardie n’a pas de portée juridique. Il s’agit d’un élément de connaissance du patrimoine naturel de Picardie destiné à éviter autant que possible que certains enjeux environnementaux ne soient révélés trop tardivement. Il permet ainsi une meilleure prévision des incidences lorsque des aménagements sont à réaliser mais également de mettre en œuvre localement des stratégies de maintien ou de restauration de connexions écologiques.

Contributions / financements :

Partager la page